Interview d’Angélique Robert, facilitatrice de l’engagement des publics

, par  Michel Briand , popularité : 13%

« mouvement, facilitation et curiosité »
Des espaces publics numériques aux rendez-vous 4C
« Créativité, Collaboration, Connaissance, Citoyenneté »

Bonjour Angélique est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, sur le volet coopération ?

Je m’appelle Angélique Robert, je facilite la participation, la contribution et l’engagement des personnes. Un des premiers projets sur lesquels j’ai travaillé la coopération a été la mise en place, avec les habitants d’un réseau d’espaces publics numériques [1] au début des années 2000. Ensuite, j’ai coordonné des projets de coopération avec des écoles de musique, des musées, un centre d’astronomie, des associations culturelles et 17 bibliothèques. Depuis cinq ans je travaille aux Champs Libres où je suis facilitatrice de l’engagement des publics à la bibliothèque. Je suis aussi une des coordinatrices des rendez-vous 4C « Créativité, Collaboration, Connaissance, Citoyenneté ». C’est une démarche qui permet de se retrouver autour d’un intérêt commun pour apprendre et “faire” ensemble. Les participants de ces rendez-vous coopératifs décident collectivement de ce qu’ils font et de la façon de le faire. 

Si tu avais quelques mots clés pour te présenter toujours sur ce volet coopération quels seraient-ils ?

La notion de mouvement m’a toujours accompagnée. J’en ai besoin, il me nourrit. J’ai besoin que ça bouge, de voir les postures, les lieux, les gens les projets en mouvement, comment cela grandit, comment ça interagit avec l’environnement. Cela me permet d’être toujours en questionnement. Derrière ce mot il y a : l’observation qui permet de voir les choses évoluer ; les phases de tests qui permettent confirmer des orientations et de voir dans quel sens les systèmes bougent.

Le mot faciliter est un mot que j’utilise finalement depuis pas si longtemps que ça, quelques années, mais qui défini bien ce que je fais. Il y a une vingtaine d’années, quand j’ai débuté dans le milieu de l’éducation populaire et de l’animation, je cherchais à être à chaque fois dans une posture qui permet au rôle de l’animateur d’être dispensable et d’accompagner l’autonomie des personnes. Cela reflétait cette notion de facilitation sans que j’ai mis ce mot dessus.

Et peut-être un troisième mot, curiosité, qui me permet d’attraper des choses au vol, de rapprocher ce qui ne l’est pas en premier abord. J’aime ne pas m’arrête à un domaine particulier, mais me nourrir de différentes approches. La curiosité, c’est aussi développer un certain sens de l’observation des environnements et des projets.

Comment en es-tu venue à pratiquer la coopération ?

J’ai grandi dans un village où le collectif avait beaucoup de sens. J’ai des souvenirs très marqués de journées entières à construire ensemble des cabanes, des châteaux, des cirques, des spectacles... plutôt entre enfants mais aussi avec des adultes. C’était un environnement où il y avait énormément d’occasion de faire ensemble.

En parallèle, j’ai vécu mes années d’école primaire dans une école Freinet où j’ai des souvenirs forts et assez joyeux de travail en commun.

J’ai aussi très assidûment fréquenté l’association Séjour plein air [2] qui, depuis plus de quarante ans, organise des colonies de vacances et des classes de découvertes avec un projet très centré sur l’enfant et sur l’individu dans un collectif. Les premiers souvenirs vécus avec cette association sont ceux d’énormément de libertés, de possibles, accompagné de beaucoup de confiance dans la capacité de faire de chacune et de chacun. C’est une association qui, dans son projet, permet d’être en responsabilité très tôt, j’y ai appris et fait beaucoup de choses dans différents temps : enfant, adolescent, jeune adulte et adulte. J’ai expérimenté différents rôles mais à chaque fois avec une capacité à faire : colon, animatrice, parent, membre du conseil d’administration et je suis aujourd’hui toujours impliquée dans la vie de cette association. 

Ces trois éléments, le village en « collectif », l’école Freinet et l’association d’éducation populaire ont nourri ma culture de la coopération. Ils ont aussi orienté mes études. Je me suis engagée dans une formation Beatep [3] avec une option patrimonial . Puis j’ai poursuivi en préparent un diplôme de coordinateur de projet un Defa maintenant transformé en Dejeps [4] . Ces formations ont nourri mes premières expériences professionnelles et la façon dont je les ai menées.

Est-ce que tu pourrais présenter un ou deux projets coopératifs auxquels tu as participé ?

Le réseau d’espaces publics autour de Bain de Bretagne

Ce projet a démarré à l’occasion d’une proposition au début des années 2000 de la région aux communautés de communes et aux communes de co-financer des espaces publics numériques dans un projet qui s’appelait cyber communes [5].

J’ai été recrutée comme animatrice multimédia par le groupement de communes autour de Bain de Bretagne (« Bretagne Porte de Loire Communauté ») avec un projet qui n’était pas complètement défini. Je ne connaissais pas bien e territoire et j’ai commencé par rencontrer les élus des différentes communes pour comprendre leur vision du projet.
Il n’y avait pas forcément de communes prédéterminées pour implanter les espaces publics numériques, il était même imaginé éventuellement d’en faire un seul avec une personne présente dans ce lieu toute la semaine. De fil en aiguille, j’ai rencontré des personnes qui étaient intéressées et qui avaient envie d’y mettre de l’énergie. J’ai commencé à rassembler ces personnes se qui m’a permis d’écrire un projet basé sur plusieurs espaces, co animé par les habitants et coordonné par un.e salarié.e.

On a travaillé ensemble progressivement les questions qui émergeaient au fur et a mesure de l’avancé du projet. Cette façon de travailler a permis de réorienter le projet sur différents dimensions dont sa gouvernance. Nous avons réfléchit ensemble à la place donnée aux personnes impliquées dans le projet. Comment est-ce que l’on s’organise pour que les décisions soient prises au sein de chaque espace public numérique dans un projet global qui prend en compte les besoins spécifiques, par exemple certains espaces souhaitaient orienter certaines activités vers de la MAO (musique assistée par ordinateur, de la PAO (publication assistée par ordinateur). La place des mineurs souhaitant en autonomie se retrouver pour faire du jeu en réseau. Un comité consultatif à été créé. Les personnes qui y participaient pouvaient aussi conseiller les collectivités sur des choix d’équipement, sur les questions de partage le wi-fi des équipements publics ou pas ?

Ce comité à permis d’asseoir le projet et de permettre aux personnes qui le souhaitaient de s’engager au-delà du cadre de l’espace public numérique de leur commune et de contribuer au projet globale.

Le projet perdure toujours coordonné par Mikaël Benaouali qui m’a succédé et rejoint rapidement par Jonathan Provost, avec cette orientation de coopération avec des habitants [6].

J’ai travaillé 7 ans sur ce projet et j’en garde vraiment de très bons souvenirs. Il a été très formateur sur l’intérêt et la plus valu du « faire avec ». Il n’était pas pensé pour être construit avec les habitants mais, petit à petit, en testant des choses, en étant dans la confiance on a pu coopérer habitants, élus, et agents de la collectivité pour construire un projet qui correspondait aux besoins du territoire.

Les rendez-vous 4C

Quand je suis arrivés aux Champ Libres, fin 2013, j’ai été embauchée dans le service médiation de la bibliothèque et en parallèle aux missions de médiation, il y avait une volonté de faire évoluer l’espace « Vie du Citoyen » vers une participation des publics dans la lignée des réflexions et des expériences de troisième lieu dans les bibliothèques.

Parallèlement aux Champs Libres, le musée était aussi en réflexion sur sa façon de travailler différemment avec les publics, la direction des Champs Libres aussi et notamment comment on peut connecter un équipement culturel avec les communautés existantes sur un territoire.

Ces trois réflexions ont convergées et nous avons commencé à travailler de manière transversale avec mes collègues Samuel Bausson [7] rattaché à la direction des Champs Libres et Manuel Moreau rattaché au musée de Bretagne. Nous avons cherché à travailler ensemble, sans reproduire un organigramme alors que nos structures sont organisées de manière pyramidale.

C’est une expérience très enrichissante de cherche un mode de fonctionnement pour coopérer, elle amène des questionnements qui dépassent le champs professionnel. On a commencé à construire la démarche ensemble sans être sur des postes déjà fléchés. La démarche c’est donc mise en place doucement et nous avons pu regarder ce qui se passait, dans quelle direction avancer. Notre préoccupation était que la démarche que l’on était en train de construire permette aux personnes d’être partie prenante des Champs Libres. Que les personnes soient en capacité de faire des choses par et pour elles mêmes, à l’intérieur d’un établissement culturel qui propose beaucoup d’activités dans une logique de programmation.

Le premiers constat a été que le cadre permettant à des personnes de se retrouver autour d’un intérêt commun correspond bien à un besoin. D’année en année, de plus en plus de personnes participent [8] et se retrouvent autour d’intérêts différents qui représente la diversité des participants.

Par exemple, aujourd’hui des personnes se sont réunies pour jouer au Scrabble en anglais, d’autres pour pratiquer et échanger leurs trucs et astuces sur le bien-être, comme un exercice de respiration ou une posture de yoga. Tout à l’heure, des personnes vont se réunir autour des démarches zéro déchets et comment on s’entraide pour avancer dans cette démarches. Il y a beaucoup de rendez-vous de conversations en langues étrangères des rendez-vous pour contribuer à Open street map ou wikipedia et d’autres pour faire ensemble comme par exemple tricot-t et compagnie.

Au tout début on pensait que les personnes allaient venir pour un intérêt nous avons remarqué que le cadre de la coopération dans ces rendez-vous correspond aussi à un besoin. Les personnes disent : « On ne vient pas dans un cours, il n’y a pas une personne qui transmettre un savoir et des personnes en face en train de les recevoir. Cela correspond à quelque chose que j’ai envie de faire et aussi à la façon dont j’ai envie d’apprendre les choses dans un cadre différent de ceux que je rencontre habituellement. »

L’aspect de la convivialité est très présent, le plaisir de venir, l’envie de participer. Il y a une notion de curiosité qui s’est mise en place entre les différents rendez-vous, et les personnes y retrouve un cadre auquel elles adhérent.

Des notions d’entraide entre les rendez-vous commencent aussi à se mettre en place. Par exemple le rendez-vous tricot qui avait des patrons en anglais est allé voir le rendez-vous discussion en anglais qui à travaillé sur les traductions.

On commence à travailler la dimension de communauté 4C qui réunit les personnes intéressées par le cadre que l’on a activé. On propose par exemple de se réunir la semaine prochaine, pour passer un temps sympa et boire un verre et aussi parler du bilan de la saison dernière. Jusqu’à présent les bilans et l’évaluation des rendez-vous 4C sont réalisés par les coordinateurs, c’est quelque chose que l’on ne partage pas encore avec les participants . Pour aller jusqu’au bout de la démarche, si le propos est de décentrer de l’institution, y a t’il des choses qui restent notre chasse gardée ou est-ce qu’on peut aller jusqu’à partager la façon dont on évalue ? Cela m’intéresse de voir justement ce que les participants des #RDV4C ont envie d’évaluer ? Qu’est-ce qu’ils vont avoir envie de regarder ? On va commencer à en parler mercredi prochain.
L’objectif, si les personnes sont intéressés, c’est que l’évaluation de la démarche 4C pour la saison 2018-2019 soit faite avec et par les participants des rendez-vous.

Ndr Une démarche qui inscrit 4C comme un commun !

Citation extrait du « mode d’emploi »

Les coordinateurs des #RDV4C aux Champs Libres :

  • Aident les groupes à démarrer 
  • Aident à définir le format et le fonctionnement avec l’initiateur et les premiers participants
  • Mettent à disposition les ressources et les espaces des Champs Libres
  • Définissent avec le groupe les moyens de communication du RDV
  • Accompagnent les premières sessions pour faciliter le bon déroulement et la participation de tous.

Comment est perçue cette démarche par la structure et les personnes ?

C’est une question qui est souvent posée. Comment mesurer l’impact de la démarche 4C sur le fonctionnement, les équipes, l’équipement ? Je vais parler d’où je suis « la bibliothèque ». Si dans un premier temps la démarche n’a pas toujours été bien comprise, elle l’est de mieux en mieux, parce qu’il y a aussi un environnement global propice. La démarche touche beaucoup à nos postures professionnelles avec une bascule nécessaire et posent questions profondément sur l’évolution d’un métier. Comment le professionnel, prescripteur d’un savoir devient facilitateur et met en place la structure qui permettra aux personnes de faire par et pour elle même ? Comment les savoirs et expertises des publics sont inclus dans les ressources de l’équipement ? Comment cela interpelle les collections, la politique documentaire et la valorisation ?

Même pour ceux qui voient depuis longtemps l’intérêt de tel démarches, ils ne voient pas forcément comment contribuer à la démarche 4C dans un système assez cloisonné. Par contre c’est vraiment une démarche qui donne à voir ce qu’il est possible de faire avec les publics et qui est en résonance avec des projets développés ailleurs. Il y a beaucoup d’autres collègues qui se questionnent et ont envie de faire autrement avec les publics, à un moment donné ça va forcément se rejoindre.

Je suis aussi directement interpellée, par exemple des collègues qui travaillent sur l’espace musique, qui s’interrogent sur la place du vinyle. Ils sont venus me voir en me disant « il y a des vinyles, on n’en fait rien pour le moment, on aimerait en faire quelque chose, on a plein d’idées mais on n’a pas envie travailler cela tous seuls, comment le faire avec les publics ? » Je les accompagne sur la méthodologie. En matière de vinyle j’ai peu de connaissance . Nos rôles sont donc bien différencier, eux ils ont une connaissance technique de cette question et de mon côté j’ai une connaissance de la coopération.

Nous sommes dans phase de changement et d’évolution de posture et de positionnement professionnel dans la relation avec les personnes qui fréquentent les Champs Libres. Cela se lit dans les orientations du nouveau projet des Champs Libres, dans ce que porte Corinne Poulain la nouvelle directrice de l’établissement et l’invitation lancé à Cynthia Fleury à accompagner le projet pendant 3 ans. C’est motivant et enthousiasment ces alignements.

On commence à voir apparaître ailleurs Bretagne des bibliothèques Tiers lieu ce qu’il y a un travail en réseau ?

Il y a beaucoup de bibliothèque qui s’interrogent et œuvre dans ces démarches, mais il n’y a pas, à ma connaissance, de réseau structuré en Bretagne. L‘année dernière nous avons participé à une rencontre sur les réseaux d’échanges réciproques de savoirs à la bibliothèque de Séné avec celle de Languidic [9] c’était riche de croiser les différents projets qui cherchent comment transformer leurs structures pour qu’elles soient des supports aux savoirs et envies des habitants.

Sur Rennes, j’ai été contactée par des collègues qui souhaitent impulser des démarches similaires. Je leur ai proposé de se réunir à deux ou trois bibliothèques pour y réfléchir, éventuellement s’emparer de Doc@Rennes [10] pour pouvoir commencer à tester des choses ensemble. J’irai, avec plaisir, partager mes différentes expériences et ce que j’en retient.

Muséomix

Museomix Ouest au Musée de Bretagne du 13 au 15 novembre.

La communauté Museomix Ouest a fait le voyage de Nantes à Rennes et s’installe au musée de Bretagne où 6 équipes seront accueillies.

Dessinateurs de bande dessinées, graphistes, artistes visuels, créateurs de mapping, bidouilleurs en tout genre, amoureux de la Bretagne, de sa langue et de son histoire, ils seront là pour remixer le musée de Bretagne. Rejoignez-les pour imaginer ensemble le musée qui vous plait !

Musée d’histoire et de société installé à Rennes depuis près de 40 ans, le musée de Bretagne a réouvert ses portes en 2006 au sein des Champs Libres, nouvel équipement culturel rennais qui réunit dans un même espace une bibliothèque, un espace des sciences et un musée. En 2015, le musée de Bretagne s’engage dans un nouveau projet scientifique et culturel visant notamment à réinscrire le public au coeur de la démarche muséale.

J’ai participé à Muséomix pour la première fois à Rennes en 2015, je facilitais l’équipe Breiz(h) à gratter. Dans cette équipe il y avait Nicolas qui travaille au musée de Saint-Brieuc, il venait avec l’envie d’organiser plus tard un Muséomix. En 2016, un muséo sprint a été organisé, sur une journée ça a permis de voir qu’il était possible de lancer une dynamique sur ce territoire.

Une communauté a grandit sur Saint-Brieuc pour arriver en novembre 2018 à l’organisation d’un Muséomix en format trois jours à la villa Rohannec. Au printemps j’ai proposé à la communauté de coordonner la brique facilitation . Cela été une belle aventure où j’ai appris énormément [11]. En construisant avec l’équipe le déroulé, la façon dont les séquences allaient s’articuler, pour permettre aux participants d’imaginer une expérience qu’ils avaient envie de partager et de faire vivre aux personnes qui allait venir le dimanche. Ce qui m’a impressionné c’est de voir ce mouvement, cette évolution entre les prémices, l’organisation du sprint dans le musée, comment petit à petit, différentes personnes ont contribué au projet pour arriver à une édition de trois jours, et comment elle nourrit d’autres envies.

L’opéra de Rennes s’interroge sur une expérience de ce type, c’est très naturellement que les personnes qui ont participé à l’organisation à Saint-Brieuc sont venues à Rennes en disant « nous avons reçu quelque chose et on veut le partager pour le transmettre ».

Différent d’un musée, la Villa Rohannec’h est un lieu d’expérimentation culturel(le) dont l’objectif est de valoriser la rencontre et le dialogue entre les arts, le public et les sciences. Accueillir un Museomix sera pour la Villa Rohannec’h l’occasion d’ouvrir encore davantage l’endroit à des communautés extérieures, de renforcer cet esprit de partage et d’interaction avec les visiteurs et de réaliser des prototypes en un temps très court dans un esprit d’innovation ouverte. Un très beau défi pour la communauté Museomixouest organisatrice de l’événement !

En décembre, lors du bilan du Muséomix j’ai évoqué le Remix des centres sociaux organisé à Rennes, plusieurs personnes [12] de Saint-Brieuc ont souhaité contribuer, parce que le sujet les intéressait. Pour Claire, Elisabeth et Irianne il était naturel de partager ce qu’elles avaient reçue et appris et de contribuer également matériellement pour faciliter le travail des équipes.

Je suis arrivée dans l’aventure du Remix des centres sociaux assez tard, 2 mois, une confiance réciproque c’est instauré avec Amandine et Gwendal||Amandine Piron et Gwendal Briand de l’association Collporterre ]] qui permet d’avancer deux fois plus vite.

Muséomix, est clairement un des projets où j’ai vu comment les contributions sur un territoire enrichissent une communauté et comment cette communauté est capable de nourrir une communauté proche géographiquement. Quand chacun y trouve son compte, ce mouvement génère une dynamique qui créer de nouvelles dynamiques, de nouveaux projets. Je crois beaucoup à cette dimension de territoire qui permet l’entraide et les réseaux vertueux.

Qu’est-ce qui te semble facilitateur dans la coopération ?

Depuis le début de notre conversation je crois avoir utilisé plusieurs fois le mot confiance. Sur Saint-Brieuc, sentir qu’il y avait ce cadre de confiance dans le travail en coopération, m’a permis de construire sereinement le schéma de la facilitation. Lorsque l’on construit un projet avec des personnes avec qui l’on est en confiance, la coopération s’instaure durablement. Sur les rendez-vous 4C, les participants qui ont confiance dans le cadre que l’on a construit peuvent plus facilement proposer d’autres rendez-vous, même si ils ne sont pas très au clair sur ce qu’ils ont envie de faire au départ. Une intuition deux ou trois personnes intéressés et il est possible de ce lancer, on y va. Ce climat de confiance aide l’impulsion et la construction.

Les démarches en coopération nécessitent de s’autoriser à prendre du temps, le temps pour instaurer de la confiance entre les personnes, le temps de réfléchir à ce que l’on fait et comment on va le faire, le temps de tester les choses de les observer pour réinterroger le cadre que l’on est en train de construire . La coopération, c’est aussi ce temps pour réfléchir à comment on va travailler ensemble. Des fois on le fait un peu vite et prendre ce temps-là, aide vraiment à mettre les choses en place durablement. C’est un aspect que l’on aborde souvent avec les participants des rendez-vous 4C, consacrer du temps à regarder comment ça fonctionne et chercher comment ça pourrait mieux fonctionner. Sur le projet des espaces publiques numérique, le temps qui a été consacré les premières années à construire ensemble des outils, tel qu’un livret d’accueil pour les personnes qui contribuent, un cadre global tel que le comité consultatif est sûrement un des facteurs, parmi d’autres, qui permet au projet de perdurer.

Et à l’inverse qu’est-ce qui te semble une difficulté pour la coopération ?

Les représentations que l’on peut avoir des modèles existants. Par exemple celle qu’un groupe ne peut fonctionner qu’avec un leader. On peut passer du temps à partager la démarche, le projet, comment cela a été mis en place, ce qui se joue dans un échange entre les personnes plutôt horizontal que vertical, que la responsabilité d’animer un rendez-vous est un rôle qui n’est pas figé sur une personne, il y a parfois des choses qui ressortent et qui freine la coopération comme « il faut bien un leader » « les modèles qui fonctionnent ne sont pas cela ». Même si d’autres récits existes celui encore dominant du modèle pyramidal, freine les projets en coopération.

Est-ce qu’il y a des personnes ou des lectures qui t’ont marqué sur ce ces questions de la coopération ?

Quand je suis arrivé sur Rennes cela m’a permis de croiser plus de personnes qui partageaient mes interrogations sur la coopération. Dans l’environnement où j’évoluais, il y en avait beaucoup de coopération, mais je ne trouvait pas au quotidien de personnes avec qui je pouvais étudier ce prisme et celui de l’engagement. L’observer de près, le décortiquer pour comprendre comment ces systèmes fonctionnent , ce qui les favorise.

La rencontre professionnelle avec Samuel, m’a beaucoup apporté. J’apprécie sa capacité à dessiner les systèmes de coopération et à percevoir les leviers qui permettent de la pousser et de la faire évoluer. On a construit progressivement la démarche des #RDV4C à trois, mais il a su apporter une expertise sur sa construction qui est vraiment très riche.

En ce moment, je lis la pédagogie de l’autonomie de Paulo Frere je redécouvre ses écris plus de 15 ans après m’a première lecture. Au regard des mes différentes expériences, c’est intéressant de voir comment ça résonne différemment. Je trouve beaucoup d’écho sur les notions de postures professionnels qui est un domaine que j’ai vraiment envie de creuser.

J’ai regardé beaucoup de vidéos de Pablo Servigne je l’ai découvert dans un premier temps via son propos sur l’entraide puis rapidement j’ai découvert tout le champs de la théorie de l’effondrement. Le prochain livre sur ma pile c’est l’entraide l’autre loi de la jungle qu’il a écrit avec Gauthier Chapelle. Sur ce sujet, j’aime la façon dont Pablo servigne parle justement de la coopération dans différents systèmes végétaux ou animaux et ce qui la favorise chez les humains. Comment un autre récit est possible qu’il est à construire ensemble, dans un monde qui ne va plus ressembler à ce que nous connaissons.

[1A la communauté de communes Bretagne porte de Loire Communauté autour de Bain de Bretagne voir la suite de l’interview sur le réseau des espaces publics multimédia

[2L’association Séjour plein air est une association d’éducation populaire en Loire-Atlantique basée pendant 40 ans à Pornic, qui a déménagé à Piriac en 2016.

[3Brevet d’État français d’animateur technicien de l’éducation populaire et de la jeunesse (wikipedia)

[4Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (wikipedia)
Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (wikipedia)

[5Voir l’évaluation de ce programme en 2002-2003 par le Gis M@rsouin

[6NdR alors que beaucoup de cybercommunes ont disparu lorsque la région a cessé ses co-financements au début des années 2010.

[7Voir la prochaine interview de Samuel Bausson dans Histoires de coopération

[8407 participations sur la saison 14-15 / 1251 participations sur la saison 15-16 / 2053 participations sur la saison 16/17 / 3537 participations sur la saison 17-18

[9Voir le diaporama d’Annie Le guern-Porchet présentant la démarche

[10Réseau coopératif de bibliothécaires, documentalistes et métiers de la culture autour de Rennes

[11Retour personnel sur l’édition museomix 2018 à St brieuc