Vers un réseau des territoires qui accompagnent les Communs ?

, par  Michel Briand , popularité : 4%

A l’image de réseaux de collectivités tels que le Réseau des Territoires de l’Economie Sociale et Solidaire (RTES) voici la proposition d’un réseau coopératif des collectivités qui souhaitent développer une politique publique des communs.

S’agissant des communs qui reposent sur une gouvernance ouverte, c’est aussi une perspective d’un réseau en coopération ouverte qui est ici ébauchée.

Ce texte décrit une idée de réseau de collectivité qui, je l’espère, prendra corps après les municipales et l’implication de nouveaux élu.e.s autour des communs.

A remixer dans vos initiatives..

Image reprise de la page du groupe FB Le temps des communs

Introduction

Les communs, cette forme d’organisation humaine mise en lumière par les travaux d’Elionor Ostrom ont connu un renouveau porté par l’essor du numérique et des initiatives emblématiques de partage comme wikipedia ou le logiciel libre.

Un commun désigne l’organisation qu’un groupe de personnes met en place et fait vivre afin de gérer collectivement une ressource. Pour partager, préserver et utiliser cette ressource, la communauté définit des règles et une gouvernance qui lui sont propres.

définition dans la plaquette pédagogique Brest en communs

Depuis une quinzaine d’années, les communs portent un sens qui agrège une grande diversité d’initiatives. Ils deviennent, comme à Barcelone ou pour nombre de listes candidates aux élections municipales, une perspective politique à part entière.
dans un monde en crise, écologique, économique et démocratique.

Les Communs existent quand l’action collective vient transformer une ressource en un moteur de cohabitation, de démocratie et de co-construction d’un futur partagé.

En proposant de ne pas réduire la lecture du monde à une approche binaire entre marché et puissance publique, les Communs ouvrent une nouvelle perspective politique. En s’appuyant sur la capacité des communautés, collectifs citoyens, à porter de l’innovation et de la transformation sociale, les Communs sont susceptibles d’enrichir nos démocraties représentatives et de contribuer aux transitions que nos sociétés doivent inventer.

Les Communs, candidats aux municipales, 16 propositions pour tout de suite, Vecam 2014

Les Communs sont porteurs d’une vision d’une société solidaire et créative où l’initiative vient des acteurs du territoire et où

Les municipalités constituent un espace privilégié d’expérimentation concrète de l’apport des Communs dans la société. Une politique des Communs à l’échelle des villes, c’est accentuer la participation des habitants et créer une dynamique collective pour agir et décider ensemble.

(Vecam 2014)

Pourtant si dans la plupart des territoires, les collectivités locales accompagnent des communs tels les jardins partagés, et les multiples initiatives d’habitants pour développer et gérer eux-mêmes une ressource, très peu de collectivités affichent une politique publique des communs en tant que telle.

Dans une ville comme Brest, qui a initié des rencontres "Brest en communs" dès 2009 [1], cet angle des communs n’est ancré que dans la délégation au numérique et a, jusqu’ici, peu essaimé dans les autres services et auprès des autres élu.e.s.

Communs et territoires

Depuis quelques années, nous assistons à un double mouvement : un grand nombre de publications (livres, articles, thèses) qui explicitent cette notion de communs et un élargissement du nombre d’initiatives locales qui se réclament des communs comme on a pu le voir durant le Temps des communs (2015).


A côté des initiatives Brest en communs [2], des assemblées des communs se sont organisées, principalement à Lille et Grenoble.

Plus récemment (2019-220) les voyages du projet Erasmus "Enacting The commons" à l’initiative de la 27éme région permettent à des agents de Brest, Lille et Grenoble et des associations partenaires d’aller à la rencontre de communs en actes dans 8 pays en Europe. La diversité des communs rencontrés ouvre la question des communs à un panel élargi de service des collectivités (solidarité, numérique, habitat, innovation sociale, mairies de quartier, proximité..). [3].

Dans le même temps les rencontres des commons camp telles celles de Grenoble (2018), puis de Marseille, ou autour du municipalisme contribuent à faire émerger l’importance d’une action à l’échelle municipale.

Une autre facette des communs est développée par la Coop des communs à travers son travail sur les plateformes de services et sur les communs de services de proximité.

En fin à l’initiative de Remix the commons et de la Myne, et le mouvement Utopia, un premier cahier de propositions en contexte municipal est édité sur le site Politiques des communs, avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme. Ce cahier fera l’objet d’un débat le 2 mars en lien avec les propositions publiées en 2014 par Vecam.

Toutes ces initiatives complémentaires les unes des autres contribuent à enrichir et diffuser la notion de communs mais il manque aujourd’hui une dimension municipale qui apparait en émergence dans le débat autour des élections de mars 2020.

Vers un réseau ouvert des collectivités accompagnant les communs

Sur de nombreux sujets les collectivités ont créé des réseaux d’échanges tel le Réseau français des villes éducatrices, l’Inter-Réseaux des Professionnels du Développement Social Urbain ou le Réseau des Territoires de l’Economie Sociale et Solidaire (RTES) précédemment cité.

Ces réseaux permettent des échanges de pratiques entre élus et/ou agents des collectivités et mettent en avant l’importance du développement local tel Energiy cities "Nous sommes le réseau de villes européen qui défend une transition énergétique impulsée par le niveau local."

Dans la mesure où les communs commencent à porter un sens politique pour les municipalités, la création d’un réseau, au lendemain des élections de mars est posée.

Mais aujourd’hui la plupart de ces réseaux, centrés sur les collectivités n’invitent pas, à ma connaissance, à l’expression d’initiatives autres que celles des collectivités parties prenantes. L’écriture n’y est pas ouverte en dehors des représentants des villes qui en sont membres. Ils ne permettent pas non plus, en général, une réutilisation de leurs contenus par des licences telles les Creative Commons qui élargissent les libertés d’usage.

S’agissant d’un accompagnement des communs qui visent à renforcer l’implication citoyenne, une démarche de réseau en coopération ouverte me semble nécessaire.

La coopération ouverte est un changement de paradigme, comme le définit par exemple Lilian Ricaud “avoir par défaut une attitude d’ouverture largement acceptée dans le groupe et une bienveillance envers le partage et la réutilisation” ?

Ce réseau des collectivités autour des communs serait l’occasion d’expérimenter un réseau hybride qui fonctionne lui-même comme un commun en accueillant les communs en actes tout autant que les responsables des collectivités et qui font le choix d’un donner à voir qui relie et met en partage.

Et comme la question des communs émergent aussi dans d’autres pays francophones autant l’élargir à celles et ceux qui partagent notre langue. [4]

Dans la continuité du Forum des usages coopératifs 2018, sur ce thème de la coopération ouverte, on peut envisager une rencontre des territoires francophones qui accompagnent les communs. Pourquoi pas le 7 juillet, lors du temps off du Forum des usages coopératifs 2020 (dont le thème sera la convergence des transitions) ?

.. et/ou ailleurs

Merci de vos retours à celles et ceux qui sont intéressé.e.s par cette idée de réseau des territoires qui accompagnent les communs.