Observatoire critique des transformations en éducation et formation des adultes

, par  Elzbieta Sanojca, Michel Briand , popularité : 9%

L’équipe « Activité, travail, identités professionnelles » (ATIP) de chercheurs et doctorants des universités du grand Est au sein du (Laboratoire LISEC[[Le LISEC regroupe une soixantaine d’enseignants-chercheurs et près d’une centaine de doctorants en Sciences de l’Éducation et de la Formation, en Sciences de l’Information et de la Communication, et en Psychologie, en poste dans les différents établissements universitaires d’Alsace et de Lorraine que sont l’Université de Strasbourg, l’Université de Haute Alsace, et l’Université de Lorraine.

En voici une présentation reprise de la page "OCTET, autour des transformations... de quoi est-il question ? Pour observer quoi ?"

1. Un premier champ d’observation concerne les transformations de la formation : que devient-elle ? où va-t-elle se nicher ?

Dans les situations de travail, la formation y court sans être forcément, ni identifiée, ni reconnue et encore moins valorisée. Mais, a contrario, les situations de travail passent aujourd’hui pour les seules à pouvoir garantir une formation effective et la possibilité d’en attester l’existence.

Dans les interactions sociales, la formation se déploie selon des modalités variées et diversement instrumentées. Coopération, collaboration, compétition sont susceptibles de générer de la formation mais à certaines conditions : au moyen d’un certain degré d’organisation et de coordination, de conscientisation et de formalisation.

Dans l’usage des objets techniques, il y a aujourd’hui de l’apprentissage potentiel, mais peut-être plus encore les conditions mêmes de la socialisation et de la subjectivation ; les savoirs semblent se dissoudre dans cette symbiose avec les machines ; l’effort d’apprendre parait perdre de sa nécessité.

Dans les innovations organisationnelles et sociétales, si elles sont réelles, il y a de la formation possible, de nouveaux savoirs en gestation mais plus encore de nouveaux rapports au savoir et au travail ; ces innovations impliquent l’appropriation de savoirs particuliers et un exercice renouvelé de la réflexivité.

Il y a même, peut-être, de la formation …dans les dispositifs de formation. Il convient seulement de s’en assurer et de savoir à quelle sorte de formation on a affaire.

Il s’agit moins de se demander si une démarche collaborative est mieux adaptée aux exigences d’une formation que de tenter de comprendre dans quelle mesure les pratiques collaboratives génèrent de l’apprentissage et des savoirs nouveaux.

De même, il s’agit moins de s’intéresser à des démarches de formation innovantes que d’analyser la dimension formative des multiples pratiques sociales innovantes aujourd’hui.

Ou encore, il s’agit moins de repérer comment la rationalisation des parcours de formation peut encore progresser avec les technologies et bientôt les apports de l’IA, que de comprendre ce que devient la formation même, dans ces transformations.

2. Un deuxième domaine d’observation concerne les rapports entre la formation et le travail : cette relation est-elle toujours aussi nécessaire ?

De la certification référencialisée (titres professionnels, VAE…) au développement des compétences, la formation semble en tension entre la formalisation monétisable et la subjectivation productive.

De la formation sur le tas aux conditions du travail apprenantes, la formation semble en tension entre l’aléatoire et l’emprise des modèles de conception de l’activité.
De la formation adaptation aux parcours de développement des personnes, la formation semble en tension entre la soumission aux besoins des organisations et aux exigences du cheminement personnel et professionnel des individus.

Du capital humain à l’humain capital : la formation semble en tension entre un rapport au travail efficace et un rapport au(x) savoir(s) décidément dispersé.

Il s’agit de s’intéresser au travail dans la relation entre le dire et le faire, l’individuel et le collectif, la coopération et la collaboration… comme autant de manière de poser la question de la formation, dans sa réalité, dans sa circulation et la diffusion de la valeur qu’elle génère

Il s’agit de chercher à saisir la formation dans le processus même de sa mise en œuvre en lien avec le travail et avec l’activité d’apprentissage, conçue comme travail sur soi.

Il s’agit d’observer comment le nécessaire « constructif » propre à la formation se fait lui-même « productif », mais aussi comment le tout aussi nécessaire « productif » peut générer des savoirs dont il faut se saisir, transforme les personnes sans qu’elles s’en rendent compte…

Il s’agit enfin de comprendre comment toute cette organisation, comment toute cette mise en œuvre et la circulation qu’elle induit finit par influencer, dans des sens variés, la disposition à la réflexivité qui est au fondement d’un apprentissage durable et critique.

3. Un troisième domaine d’observation porte sur les rapports entre le politique et la formation : quelle urgence pour le durable ?

La formation doit s’inscrire dans un horizon et dessiner des cheminements pour s’en approcher : cela questionne l’autonomie dans ses différentes manifestations.
La formation est un commun et simultanément doit répondre aux exigences de l’individuation contemporaine : cela questionne « l’utilité commune » dans le respect des aspirations de chacun.e.

La formation doit prendre sa part à la construction d’un idéal et élaborer les moyens d’accompagner sa réalisation : cela interroge l’actualité de l’émancipation.

La formation doit concourir au besoin de faire société et intégrer les technologies du savoir et de la communication : cela sollicite le rapport à soi et aux autres.

Il s’agit en réalité de tenter de saisir la formation à ses différents niveaux - le micro, le méso, le macro - et faire de leurs articulations le moyen de la durabilité du vivant.

Il s’agit de saisir la formation dans la combinaison de deux dynamiques, une horizontale, celle de la coordination et des réseaux, et une verticale, celle du pouvoir et de la régulation, pour en faire le moyen d’une mobilisation collective plus ouverte sur l’à-venir.

Il s’agit de saisir la formation dans sa capacité à faire lien et à s’inscrire dans les liens existants pour en augmenter le potentiel de valeur et de création.

Les espaces de contribution d’Octet :

Cartographie des idées structurantes de l’observatoire

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