L’accès public à 5 ans ? quelques pistes pour les deux trois années à venir à partir de l’expérience des papis brestois

, par  Michel Briand , popularité : 7%

En contribution à une question posée sur l’avenir à cinq ans des EPN, sur la liste "espaces publics multimédia" voici une contribution issue de la pratique des papis, du centre de ressources de l’accés public au pays de Brest, de l’évaluation et de l’observation des usages.

Cette petite contribution au débat pour vous indiquer les 3 axes que nous avons décidé de développer pour les lieux d’accés public de Brest.

1 la prise en compte des personnes éloignées

C’est par exemple un EPN dans un appartement d’une cité d’habitat social où après 2 ans de réseautage de l’animatrice multimédia nous avons observé l’émergence d’une demi douzaine de micro projets (voir le site couleur-quartier) pour 2 000 habitants. Répandu sur la ville cela ferait 600 projets à l’échelle de Brest pour dire la densité !.

D’ou l’idée de co-construire un projet internet de quartier impliquant les travailleurs sociaux et les associations du quartier (premier semestre 2005) pour accompagner la dynamique ou beaucoup des intervenants du quartier ont repris ces outils à leur façon.

Cette approche micro-locale s’appuie sur le travail d’observation réalisé par le laboratoire des usages Marsouin qui sera publié au premier semestre.

Et il faudra ensuite décliner cettes approche pour prendre en compte une à une les envies de faire des différents quartiers en s’appuyant sur le réseau des 63 papis.

Cette démarche micro fonctionne aussi sur des approches thématiques : en intergénérationnel, avec des groupes sociaux exclus , avec des publics éloignés comme le montre les initiatives portées par l’appel à projet sur les usages.

La clé c’est à mon avis de travailler en grande proximité : de tous petits territoires, de petits groupes, d’avoir une attitude d’attention à, d’écoute des personnes qui fait coller les projets aux envies de création qui naissent après la phase de découverte, de loisir des usagers des papis.

Et le travail de l’animateur c’est beaucoup de susciter l’envie de s’y mettre parmi ces dizaines d’animateurs, d’intevenants sociaux ou d’associatifs qui maillent l’action sociale et culturelle dans nos villes et campagnes.

NB ces usages et projets sont très marqués écrit public et création numérique, autres axes de développement à Brest de l’appropriation des TIC.

2 le service public numérique pour tous

De plus en plus de services sont en ligne et ce développement positif est aussi vécu comme une exclusion de plus en plus forte par toutes celles et ceux qui n’ont ni accés, ni usages.

Faire que les personnes soient accompagnées, rendues autonomes dans les lieux du service public local est un sacré enjeu. Du chemin a été parcouru dans les 6 mairies de quartier, les 10 bibliothèques de quartier , les services publics associatifs, mais cela a pris 6 ans !

Par contre le chemin est encore long pour les services publics d’état qui laissent les gens se débrouiller (sous préfecture, justice, impots, ANPE ..).

Ce sont dans une ville des dizaines de lieux, des dizaines de personnes qui doivent intégrer à leur tour l’accès public dans leur travail ordinaire d’acteur du service public !

Avec une question posée à chacun : est ce qui est public ou financé par l’agent public (études, projets des établissements scolaires, travaux de recherche, actions subventionnées, documents municipaux .. ) est rendu public ? est-il accessible sur internet ?

3 libre et cultures numériques

Une vingtaine d’animateurs ont participé aux stages de vidéo légéres organisés par le Fourneau (ECM) pour le centre de ressources coopératif de l’accés public au pays de Brest.

Des dizaines d’animateurs se sont inscrit aux formations bureautique libre, XML, Gimp, wikis, spip .. ou participent à la réalisation du CD bureau libre.

Des dizaines de projets multimédia voient le jour dans les quartiers venant d’artistes, d’équipements de quartiers, de personnes ..

Si bien que le projet est en train de naître d’une maison du libre et des cultures numériques "pep hini ’zo libr" chacun est libre en breton avec comme jalons

 le lancement de l’idée lors de la diffusion des CD bureau libre pour la fête de l’internet

 l’ ouverture d’un axe savoir public et création numérique dans l’appel à projet 2005,

 la publication d’un guide des initiatives comme celui des papis ou des assoc en ligne,

 la rencontre de l’écrit public et multimédia brestois en janvier 2006 pour faire se rencontrer personnes et projets des journaux de quartier aux TV associatives ou vidéos de quartiers en passant par les carnets de voyages, les sites de publications ..

 le forum coopératif des usages en juillet 2006 pour échanger avec les autres réseaux et initiatives francophones.

Et dans le même temps les webtrotteurs des lycées s’atellent à la carte libre d’Ouessant, à l’écriture d’article pour wikipédia ... et ouvrent le chantier de la co-production de savoirs publics.

Les projets pour le devenir de l’accès public ne manquent pas même si je ne suis capable d’écrire les choses qu’à 2, 3 ans et pas à 5 ans.

Et il est réjouissant de voir qu’il y a de plus en plus de personnes concernées par l’accompagnement de l’accès public sous toutes ses facettes, que plusieurs centaines de personnes sont devenues rédacteurs des sites de publication.

Et c’est aussi une surprise que le mélange libre, accés public, écrit public, cultures numériques, savoirs publics marche si bien et fasse sens et écho au débat sur les biens communs.

Et quel plaisir de voir le micro local à l’échelle de quelques centaines ou milliers d’habitants des quartiers d’habitat social enrichir sacrément la polique globale chaque papi avec son apport spécifique lié à son histoire et à la culture du quartier.

Michel Briand

élu local en charge de l’appropriation sociale des TIC à Brest