Pourquoi j’utilise Creative Commons (3) : interview de l’animateur multimédia du Bureau Information Jeunesse de Brest

, par  Michel Briand , popularité : 5%

Sur le web, les questions de droits d’usage sont mal connues.

Par défaut le contenu d’un site ne peut pas être recopié et réutilisé. Sauf mention explicite l’autorisant, les sites publics produits par des acteurs publics ne peuvent pas être réutilisés en citant simplement l’auteur, le site et la licence des contenus.

Pourtant beaucoup d’auteurs de blogs associatifs, de personnels, ou de collectivités sont favorables à un accès élargi à la culture et à la connaissance.

Pour faciliter la compréhension des enjeux, diffuser les pratiques qui élargissent les libertés nous avons créé un portail, répertoire de ressources sur les licences Creative Commons et la réutilisation de contenus

 [1]. s’enrichit petit à petit de nouvelles ressources.

Nous entamons ici une série d’interviews visant à faire connaître des pratiques de personnes qui font le choix d’encourager ces droits d’usages élargis.

Michel Briand, élu à la ville de Brest

Pourquoi j’utilise Creative Commons sur mon site ?

Interview de Yves Cavellat animateur au Bureau Information Jeunesse de Brest

1) Tout d’abord peux tu présenter le BIJ de Brest ?

Le BIJde Brest a pour but de développer une politique d’information au sein du public jeune, conformément à la Charte de l’information des jeunes créée sous l’égide du Ministère de la Jeunesse & des Sports.

2) Sur le site du BIJ de Brest vous avez fait le choix d’une licence Creative Commons by sa peux-tu en expliquer les raisons ?

Le but principal de l’association est d’informer sur des sujets aussi divers que la formations initiale/continue, le logement, la santé, la mobilité internationale, (...) et d’une manière générale sur tout sujet concernant le public jeune.

Actuellement financé par des fonds publics, nos services sont gratuits. Notre objectif est de produire, diffuser et propager l’information pour tous. Les licences Creative Commons permettre de poser un cadre juridique sur cette logique. Nous produisons, de fait, du "Bien Commun".

3) Est ce que les personnes que vous rencontrez dans les autres BIJ sont sensibilisées au droit des contenus publiés ? Comment ce choix a-t-il perçu dans le réseau en france ?

Ce choix a été effectué il y a bien 5 ans, c’est à dire à une époque ou les licences Creative Commons et les licences Libre d’une manière générale n’était pas franchement connu par les professionnels du réseau.

Les choses ont un peu avancées de ce coté là, mais globalement ce sujet reste mal compris voir inconnu pour beaucoup de monde (d’une manière générale).

Par conséquent ce choix est passé inaperçu pour une partie des professionnels, et pour pour une autre vécu comme comme un choix favorisant la désertification des espaces information jeunesse (si l’information est en ligne pourquoi se rendre dans un point Information Jeunesse ?).

En outre, pour certains, permettre de ré-utiliser les informations voulaient dire aussi perdre le contrôle et la propriété du travail fournit. Ce qui pouvait laisser penser que la source (Information Jeunesse) n’avait plus lieu d’être valorisée...

4) Quel retour après quelques années de ces pratiques collaboratives ouvertes ?

Ce choix s’inscrit dans la logique du BIJ citée plus haut.

Le guide en question (guide jeune à Brest) est gratuit. Il n’y a donc pas de questions particulières à se poser pour ce format, fusse t-il en version papier initialement.

5) Quels sont pour toi les freins pour une association d’éducation populaire à élargir les droits d’usages ?

Je vois trois éléments :

1. la culture professionnelle

Le fait de se dessaisir de la maitrise et du résultat de son travail n’est pas chose aisée pour tout le monde et ne fait pas forcément partie des cultures professionnelles. Internet étant parfois vécu comme une concurrence et une zone de non droit favorise la peur de se voir piller son travail sans retours directs pour soi ou sa structure.

2. Le modèle économique

Pour des structures dont "le fond de commerce" est l’information, la difficulté à subvenir financièrement (notamment dans le cadre des baisses de subventions) ne favorise pas la mise en place de services de diffusion gratuits qui étaient (ou pourraient être) payants.

3. Les moyens humains

Mettre de l’information en ligne (de manière aboutie et régulière) sous licence CC suppose déjà une chose : les moyens humains pour produire de l’information et savoir la mettre en ligne... Au sein du réseau Information Jeunesse, les moyens techniques et les formations des professionnels ont évolué positivement mais la mise en ligne reste souvent un exercice remis à un second plan par manque de temps et d’intérêt direct ressenti.

Le fait est que la mise à jour du site du BIJ de Brest représente énormément de temps de rédaction et de veille de la part des animatrices-documentalistes par ailleurs impliquées sur l’accueil physique, les animations et d’autres projets de la structure.

Depuis quelques années, les structures ayant compris l’intérêt d’être présent sur le web incitent leurs professionnels à publier en ligne sans forcément leur donner les moyens de le faire.

La compréhension de l’intérêt direct à publier, ne serait-ce qu’en terme de valorisation et de communication, est souvent mal compris.

Cela dit il faut mentionner des avancées notables sur le sujet et une prise en compte progressive.

6) Quelles sont les raisons qui font choisir une licence CC par une association d’éducation populaire ?

La première raison tiendrait au fait que "copyrighter" ses informations tout azimut n’a pas grand sens dans le monde virtuel. Je veux dire encore moins que dans le monde "réel", le fait de copier étant tellement simple quelque soit les verrous que l’on prétend mettre en œuvre...

Les licences libres apportent déjà un cadre juridique correspondant à la notion de partage et d’échange propre à Internet et une dimension pédagogique : il existe un espace possible entre "le tout bloqué" et " l’utilisation sans règle des données".

La deuxième serait celle citée plus haut concernant la notion de "Biens Communs" financés par des fonds publics.

Je fais partis à titre privé du collectif Territoires Sonores qui propose en ligne des guidessur la création sonore sous licence CC. Outre l’envie de partager notre savoir, nous constatons que ces guides sont un formidable outil de communication pour le projet. Nous sommes sollicités de toutes part pour des formations que nous avons commencé à mettre en place.

Rien n’empêche par ailleurs de financer un projet par ce biais, l’information en ligne devant un "produit d’appel" pour des services physiques permettant un accompagnement personnalisé et avancé.

De la même manière, au BIJ, nous constatons régulièrement que le site est utilisé par des professionnels du réseau Information Jeunesse et d’autres structures (y compris hors région), ce qui nous vaut des retours extrêmement positif en terme d’image.

Ce que l’on perd d’un coté (certains internautes trouvent réponse à leur question et se contente du site), nous le récupérons d’un autre coté : d’autres internautes découvrent le BIJ physique, en perçoivent une source potentielle d’information et nous sollicitent directement à l’accueil.

Par ailleurs, de plus en plus de questions posées à l’accueil sont pointues, difficilement traitable en ligne et exigent des réponses personnalisées en présentiel.

Quelques lignes pour me présenter

Je travaille au BIJ pour assurer l’évolution technique du site du bij ainsi que celle du parc informatique dont le point PAPI [2].

Je suis impliqué en outre sur divers projets mis en place par le BIJ tel le projet MédiaSpip dont nous avons assuré la coordination du développement et des séminaires et projets dans le cadre du programme européen jeunesse.

Et je suis membre du collectif Territoires Sonores.

Voir aussi sur le sujet :