Coopération : pratiques collaboratives au sein de très grands groupes

, par  Michel Briand , popularité : 8%

L’atelier sur les "pratiques collaboratives au sein de très grands groupes" jeudi 12 juillet de 14h30 à 16h30 au Forum des usages coopératifs de Brest, animé par Jean-Michel Cornu et Laurent Marsault rassemblera plusieurs très grands réseaux pour mieux comprendre les nouvelles pratiques de chacun : Wikipédia, Sésamath, Tela Botanica, OpenStreetMap, Imagination for people, etc.

Animé par : Jean-Michel Cornu (Imagination for people), Laurent Marsault (Outils réseaux)

Les pratiques collaboratives diffusent dans la société au croisement du libre, des biens communs et de l’innovation ouverte.

Des réseaux tels Wikipédia, Sésamath, Tela Botanica, OpenStreetMap, Imagination for peopleet bien d’autres associent des milliers de participants.

Cet atelier propose un temps d’échange autour des pratiques collaboratives au sein de grands réseaux et leur articulation avec l’élargissement des biens communs numériques.

Pratiques collaboratives au sein de très grands groupes

Des petits groupes jusqu’à 12

Jusque dans les années 1980-90 la plus part des spécialistes pensaient qu’il n’était pas possible de produire des choses ensemble à plus d’une douzaine de personnes pour des raisons cognitives. Au-delà il fallait mettre en place une hiérarchie ou un système de chaine avec des postes de travail indépendants.

Il est possible de produire avec plusieurs dizaines de personnes mais sur un temps court lors de séance créatives (voire une centaine avec les méthodes des indignés).

Des grands groupes entre 100 et 1000

Mais une autre forme de travail collaboratif est apparue dans les années 1980-90 avec comme exemple emblématique l’IETF (la communauté qui rédige les standards de l’internet) et les grands projets en logiciel libre (Linux en premier). Dans ce cas, les participants ne sont pas sur un mode de contrainte (si une personne ne réagit pas correctement cela pose un problème) mais sous un mode d’opportunité (les personnes qui réagissent apportent quelque chose). Avec souvent au moins 10% de personnes qui réagissent à une demande lorsqu’il n’y a pas de contrainte coercitive (40% au mieux), il faut au minimum une centaine de personnes pour qu’une dynamique vertueuse se développe avec un effort acceptable. Une des motivations importante des personnes à participer est souvent le mécanisme d’estime pour les meilleurs contributeurs qui se développe dans le groupe et éventuellement vers l’extérieur du groupe. Mais cela nécessite une ou quelques personnes pour coordonner le groupe, faire des synthèses pour aider les membres à avoir une vue d’ensemble, etc. (on parle de "dictateur bienveillant" dans le logiciel libre). Au-delà de 1000, le groupe devient difficile à coordonner de façon centralisée et les contributeurs sont moins visibles et donc moins motivés.

Cette approche a commencé à être comprise à la fin des années 90 et au début des années 2000 (la Cathédrale et le Bazar de Eric Raymond, la coopération nouvelles approches en 2001, les formations Animacoop et Coop-TIC...)

Des très grands groupes

Pourtant dans les années 2000 est né une nouvelle approche avec des très grands groupes de plusieurs milliers, dizaines de milliers voire de centaine de milliers. Il ne s’agit pas simplement d’un réseau de personnes qui peuvent échanger entre eux (comme facebook ou LinkedIn) mais de véritable production collaborative. L’exemple emblématique en est Wikipédia.

Mais la compréhension des mécanismes de coopération dans ces très grand groupe est encore embryonnaire :

  • Est-ce la coordination elle même qui passe sous un mode de gestion d’opportunité et plus seulement le groupe lui-même ? (plus de 1000 administrateurs juste pour Wikipédia France)
  • Si cela est le cas comment passer d’une coordination à un petit nombre (un ou quelques) à une coordination à un grand nombre ? (minimum cent comme pour les grands groupes ?)
  • Quel est le seuil au-delà duquel un très grand groupe se met en place plus facilement (si on considère qu’il y a entre un et quelques pour cents de personnes proactive face aux quelques dizaine de pour cents de personnes réactives ; et si on considère qu’il faut plutôt plus d’une centaine de personnes pour travailler en opportunité plutôt qu’en contraintes ; cela veut-il dire qu’il faudrait au minimum 10000 personnes pour qu’un très grand groupe puisse produire collectivement avec une coordination basée sur la gestion des opportunités plutôt que des contraintes ?)
  • Quelles sont les différences entre la façon de gérer les grands groupes (plusieurs centaines de personnes) et les très grands groupes en terme d’animation des personnes actives, observatrice et inactive, en terme d’organisation de la coordination, en terme de visibilité dans le groupe pour permettre les mécanismes d’estime ?