L’offre d’accès public à Internet, les PAPI à Brest
Article publié sur a-brest et présentant le dispositif d’accés public à brest. La démarche globale d’évaluation a été coordonnée par Elisabeth le Faucheur.
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Le dispositif d’accès public à Brest se singularise par :
– Des points d’accès intégrés dans des lieux ordinaires (mairie, bibliothèques, équipements de quartier, association) qui maillent l’ensemble des quartiers brestois. Les habitants bénéficient d’accès à Internet, d’activités et de services de proximité, dans des lieux qui leur sont familiers sous forme d’espaces multimédia et de points d’accès à Internet.
– Des structures qui font fait le choix d’accueillir un PAPI (démarche volontaire favorisant la mise en réseau des acteurs).
Ce mode d’organisation limite les coûts du service pour la collectivité puisque intégré aux lieux existants.
Il permet une évolution régulière du nombre de points d’accès (11 points d’accès en 1998, 60 PAPI en 2003) à l’heure où d’autres dispositifs d’accès public voient les espaces fermer au rythme des échéances des contrats du dispositif emplois-jeunes aujourd’hui supprimé.
Les usagers bénéficient le plus souvent de la gratuité des services de base, atout complémentaire à la proximité du service.
Les conditions d’accès dépendent du fonctionnement ordinaire du lieu : adhésion à la structure, abonnement à un service, ou signature d’une charte d’utilisation. La typologie du lieu (point d’accès ou espace) conditionne également le type d’activités proposées avec néanmoins un « service minimum » assuré par tous les PAPI : l’accès accompagné à Internet.
Les activités les plus fréquentes sont :
– Les initiations techniques (utilisation d’Internet, d’outils bureautiques),
– Les services (recherche d’emploi, accompagnement scolaire)
– Les activités thématiques (le web-reportage, les projets de journaux de jeunes).
Les activités émergentes comme l’utilisation de logiciels libres, la création de sites Web, sont le signe d’une évolution de l’usager consommateur, vers une position d’acteur de l’Internet.
Les règles d’usages établies (usages interdits, usages autorisés mais réglementés) limitent la plupart du temps les difficultés rencontrées en matière d’animation du point d’accès. La durée des visites souvent limitée à 30 mn pour éviter la saturation de l’espace et réduire les temps d’attente engendre des difficultés de fonctionnement (dépassement du temps alloué).
Le taux d’occupation est révélateur du succès du dispositif avec la moitié d’entre eux occupés à 70 % ou plus de leur temps d’ouverture. Certains sont même saturés, c’est le cas de l’EPM de Kérourien et sur Bellevue, de la mairie et de la maison de quartier (saturé à 100 %). La fréquentation annuelle des PAPI atteint selon les estimations réalisées, environ 82 500 visites par an. La présence d’animateurs dans l’espace, une présence accrue, font augmenter de façon significative l’occupation de l’espace.
Les animateurs affectés à l’animation des PAPI sont professionnels ou bénévoles. Vingt cinq structures (sur 35 ayant répondu) font état d’au moins un professionnel permanent affecté au moins à temps partiel à l’animation de l’espace. Parmi eux, 1/3 sont titulaires de la fonction publique territoriale, la moitié en contrat à durée indéterminée. Les conventions « Emploi-jeunes » concernent 1/3 des emplois. La pérennisation de 5 de ces emplois sur 12 est souhaitée par les structures d’accueil. En complément, 4 structures ont la volonté de créer des CDI (à temps plein ou à temps partiel) pour assurer des missions actuellement réalisées par des bénévoles ou des jeunes en contrat de qualification.
Les aides financières au fonctionnement pour pérenniser les emplois sont celles les plus recherchées par les structures et les plus difficiles à obtenir. Cette question est centrale quant on sait que la présence d’animateurs/de médiateurs est déterminante de la fréquentation des espaces. Une réflexion sur ce point est à prendre en compte dans l’évolution de la politique d’accès public.
Les animateurs (professionnels et bénévoles) considèrent leurs compétences comme insuffisantes pour assurer l’animation du PAPI. Différents thèmes de formations, initiations sont retenus pour compléter les savoir-faire existants : traitement d’images, initiation aux outils de l’écrit public, Linux, outils libres, et maintenance informatique. Ce point est le plus critique : 40 % des PAPI et EPM connaissent des difficultés pour assurer la maintenance des matériels et logiciels du point d’accès.
Au moment où l’enquête a été réalisée, le projet de Centre de ressources coopératif du Pays de Brest, n’était pas encore connu des PAPI (démarrage courant 2004).
Enfin, les PAPI disent en majorité avoir atteints leurs objectifs initiaux : « développement de l’appropriation des nouvelles technologies pour réduire les inégalités », « levier de développement de la structure », « maintien et développement de services sur un quartier ». Au-delà, d’autres effets non escomptés sont évoqués par 40 % des structures : des échanges plus faciles entre des publics de différentes tranches d’âge, l’augmentation de la fréquentation du lieu, la fidélisation des usagers, le développement de coopération.
Si pour les structures les facteurs de succès de leur PAPI résident dans la forte demande du public et la gratuité du service, les freins concernent en majorité, les ressources humaines et les difficultés de financer l’animation, l’obsolescence du matériel, une saturation du service liée à des locaux mal adaptés ou trop petits.
Malgré ces difficultés, les projets des structures sont nombreux et s’orientent vers la prise en compte :
– Des publics éloignés : personnes socialement isolées, personnes âgées, personnes handicapées,...
– De nouveaux usages liés aux évolutions technologiques : web reportage, co-publication, création de sites web, réalisations multimédia (vidéo, son, musique).
Ces projets sont à mettre en lien avec les actions menées par la ville de Brest pour développer les initiatives et les pratiques de l’écrit public : initiations à l’écriture journalistique, aux outils de co-publication, formations au web-reportage.
Le second volet de l’étude, indissociable et complémentaire de cette photographie du dispositif brestois, présente les usagers et leurs pratiques.
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