Propositions d’évolution pour les PAPI du dispositif d’accès public, à Brest : Septembre 2004
Article publié sur a-brest et présentant qquelques pistes de propositions. La démarche globale d’évaluation a été coordonnée par Elisabeth le Faucheur.
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A partir de l’offre d’accès public à Internet et de la demande et des pratiques des usagers, se dégagent les forces et faiblesses du dispositif :
Forces du dispositif :
– Les fondements du dispositif : la démarche volontaire des structures pour s’inscrire dans le dispositif est source de dynamisme. En complément, l’intégration de points d’accès dans des structures existantes permet de réduire les coûts de la politique d’accès (en comparaison avec d’autres types de réseaux existants) et assure un maillage territorial sur les quartiers brestois.
– La forte demande des habitants et le nombre de structures impliquées.
– La proximité du dispositif : proximité géographique et d’intérêt : les points d’accès sont situés dans des lieux fréquentés par les habitants.
– Un dispositif intégré dans le quotidien des usagers.
– La gratuité et les faibles coûts d’accès, la facilité d’accès aux services.
– Une thématique « recherche d’emploi » très forte dans les pratiques des usagers.
– La complémentarité des lieux : Points d’accès ou espaces contribuent à une offre variée de services et d’activités proposées.
– La qualité des services et animations proposés
– Volonté des structures de créer des emplois sur cette activité
Faiblesses du dispositif :
– Un soutien limité en ce qui concerne l’animation des espaces : pas de participation de la collectivité aux coûts de fonctionnement hors du budget ordinaire et une assistance technique très largement insuffisante.
– La saturation des espaces par rapport aux ressources humaines en présence.
– Des conditions d’accès parfois inadaptées : plages horaires d’ouverture, temps d’accès limités.
– La faible représentation de certains publics liés à l’insuffisante d’outils, d’animations qui leur sont adaptés.
– L’absence d’outils et d’accompagnement adaptés aux personnes handicapées.
– Des compétences parfois insuffisantes pour répondre à certaines demandes des usagers : aide à la recherche d’emploi, accompagnement de personnes handicapées...
Axes de développement
Sauf un changement d’orientation politique, nous ne reviendrons pas ici sur le choix de proximité du service public, les faibles coûts d’accès et l’implication des acteurs du service public qui relèvent de la volonté municipale.
A partir des éléments qui précèdent, 3 orientations ont été fixées en réponse aux enjeux actuels :
1. La prise en compte des publics éloignés
2. L’équité d’accès au service public
3. La culture numérique
Rappel sur les objectifs de la politique d’accès public à Internet : le sens au cœur des pratiques
Le développement des usages n’a pas pour finalité, l’utilisation des nouvelles technologies pour ce qu’elles sont, mais bien le développement d’usages des TIC comme outil au service du quotidien des individus et de leurs développements (personnel, professionnel, social, culturel). Ce qui est ici pointé, c’est la mise en lumière du sens de l’usage. Le maintien et l’évolution du dispositif, axes de développement issus de cette évaluation, s’inscrivent dans cette même logique.
Note au lecteur
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Les moyens et actions proposés ci-dessous sont à considérer comme des pistes de discussion. Elles vous sont proposées par la coordinatrice du Centre de Ressources et n’ont pas fait l’objet d’échanges. Elles ont pour fonction de susciter des remarques, des échanges et surtout d’autres idées auprès d’acteurs brestois relevant de différentes structures et dispositifs. Il s’agit de poursuivre une démarche de coopération pour construire ensemble le devenir de l’accès public à Brest.
Maintien et amélioration du dispositif
– A l’échelle de chaque quartier, maintenir ou s’assurer de la co-existence, de points d’accès et d’espaces multimédia, très complémentaires en terme de services et activités proposées
Moyens d’actions :
. Soutien aux espaces existants dans les quartiers, soutien à la création d’espaces dans les quartiers où ils sont aujourd’hui insuffisants
Ceci passe par une réflexion sur les modalités de financements des coûts de fonctionnement des espaces où l’animation est déterminante des activités proposées et de l’accompagnement des pratiques (la fréquentation d’un lieu dépend de l’animation et de l’accompagnement proposés). Cet aspect est central quand on sait que les personnes les plus éloignées sont également celles qui demanderont le plus d’accompagnement dans les usages.
De la même façon, une vigilance doit être apportée pour que dans chaque quartier, des lieux d’accès à Internet puissent exister dans des lieux variés. Le maintien des PAPI uniquement dans les bibliothèques exclurait les usagers des mairies, des associations et équipements de quartier sachant que les PAPI fréquentés le sont en fonction du lieu fréquenté habituellement par les usagers.
– Utiliser la complémentarité des lieux pour élargir les plages horaires d’ouverture, optimiser l’accompagnement et offrir une gamme très complète de services et activités classiques ou innovantes, générales ou spécifiques
Moyens d’actions :
Sur les plages horaires d’ouverture, nombreux sont les lieux qui plafonnent en terme d’heures d’ouverture (35 h/semaine). Si l’on ne peut augmenter les temps d’ouverture au public, il faut tenter d’organiser le service à l’échelle du quartier et amener les structures à échanger et à s’accorder sur les horaires proposés.
Dans la mesure du possible, et à l’échelle cette fois de la ville, une répartition des activités peut être imaginée entre les espaces sur des activités spécifiques : un lieu ou deux lieux seraient identifiés sur l’activité de recherche d’emploi, d’autres sur les activités multimédia (photos...), d’autres encore sur l’accueil de certains publics (personnes handicapées...).
En complément, il est également possible d’étendre le réseau des PAPI à des structures spécialisées dans l’accueil de publics spécifiques ou dans certaines thématiques : emploi, handicap, structures sociales....pour développer l’offre de services pour les personnes aujourd’hui éloignées des TIC.
– Renforcer la fonction de relais du dispositif sur les activités concernant la recherche d’emploi
Moyens d’action
L’accueil des personnes en recherche d’emploi pose la question de l’accompagnement des usagers et des compétences spécifiques directement liées à ce type d’usage. Deux perspectives complémentaires peuvent être esquissées : le développement d’ateliers à destination des médiateurs pour développer leurs compétences en matière d’aide à la recherche d’emploi, mais également l’intégration au sein de structures oeuvrant dans ce domaine de PAPI avec une sensibilisation des professionnels sur les outils.
En second lieu, les conditions d’accueil de ces publics sont également déterminantes de la qualité du service proposé (temps d’utilisation plus longs, aménagement de l’espace)...
La professionnalisation des intervenants de l’accès public
– Soutenir les structures dans le maintien et le développement des services : accompagnement, moyens techniques, mise en réseau
Moyens d’action
Comme évoqué plus haut, le soutien concerne à la fois le fonctionnement des espaces, mais également le matériel et le soutien technique nécessaire au maintien de la qualité des services et animations proposées.
Pour ce faire, le centre de ressources coopératif du Pays de Brest proposera en octobre 2004, un soutien technique aux espaces pour gérer les équipements existants et les assister dans la mise en place de technologies nouvelles (tel que le wifi par exemple).
La mise en réseau des médiateurs contribue à maintenir le niveau de services proposés : des échanges d’expériences sur les activités, les difficultés de gestion, les problèmes de droit, les outils nouveaux sont autant de thèmes de travail qui contribuent à la dynamique du réseau et l’émergence d’actions et de projets innovants.
La prise en compte des usagers peu présents par leur éloignement social
– Adapter le dispositif aux personnes les plus éloignées
Moyens d’action
Les perspectives d’action varient en fonction du type d’éloignement et du type d’usagers ciblés : ainsi pour les femmes/hommes au foyer, ce sont les actions en direction des enfants, qui vont favoriser les premières pratiques de leurs parents. Des animations à destination des familles dans des lieux familiers, telles celles menées sur l’EPM de Kérourien, facilitent l’accès des parents aux outils.
Le projet Psaume, travail piloté par le laboratoire des usages Marsouin qui vise à étudier les parcours d’appropriation et de non-usage des nouvelles technologies par les personnes socialement défavorisées fournira à la ville de Brest, des recommandations début 2005.
La ville peux s’appuyer sur les réalisations de certains quartiers (travail sur l’écrit avec « Au pied de ma tour » au Valy Hir, accès public avec des publics éloignés, appel à projets sur les usages...).
Le degré d’accompagnement des usagers sera déterminant du succès des initiatives conduites. L’effort à fournir dans l’accompagnement des publics éloignés sera plus important que celui fourni jusqu’à présent pour initier des personnes qui de façon relativement spontanée, ont développé des pratiques.
Ceci ne fait que confirmer la nécessité d’une réflexion sur le financement de moyens de fonctionnement pour l’accompagnement de certains types de publics et d’usages.
– Expérimenter l’accès accompagné à domicile en habitat social
L’évolution des technologies et des offres en matière d’accès à Internet permet aujourd’hui d’envisager le raccordement d’immeubles entiers à moindre coût pour les habitants (quelques euros par logement par mois) et pour les organismes propriétaires. Ce mode de diffusion permet de toucher directement les populations et contribue à réduire les disparités sociales qui en l’absence d’action politique se creusent.
Si les frais techniques sont très réduits sur ce type de projet, l’accompagnement humain relié à des services de proximité sont déterminants (cf le projet Moulins habitat [1]). Dans sa phase expérimentale, il pourrait être fait appel à des contrats aidés ou à des personnes intervenants d’ores et déjà dans le quartier.
La présence d’un espace multimédia à proximité et d’un animateur est complémentaire de cette offre d’accès accompagné à domicile.
– Proposer aux populations en situation de handicap des outils et un accompagnement adaptés
Moyens d’action
Le centre de ressources coopératif a déjà engagé une réflexion sur ce thème et la mise en réseau des acteurs du handicap avec les animateurs des espaces. Ce thème revêt quelques difficultés d’approches : il y a autant de types de handicap que de personnes handicapées ; pour que des outils adaptés soient accessibles, il faut que le lieu le soit également ; pour que les apprentissages soient réussis et valorisants pour les personnes, il faut que l’animateur, le médiateur soit sensibilisé à l’accueil de ces publics.
Ceci montre la nécessité de prendre en compte cette question dans sa globalité : l’accessibilité physique des PAPI, l’accompagnement, les outils mis à disposition.
Les perspectives d’action (parfois déjà engagées dans le cadre du centre de ressources) relèvent de :
– La création de PAPI ou d’activités dans des associations et structures recevant déjà des personnes en situation de handicap,
– La mise à disposition d’outils de base (ou spécifiques) pour permettre l’accès à certains types de public (exemple : synthèse vocale à destination des non voyants)
– La formation des animateurs sur l’accueil des publics handicapés, les outils, la création d’animations adaptées,
– La mise en réseau des acteurs locaux sur cette question : échange d’expériences, de compétences et connaissances.
Accompagnement de l’évolution des usages
– Poursuivre les actions de développement de l’écrit public,
Moyens d’action
Comme indiqué précédemment, les actions en matière de développement de l’écrit est une façon de toucher les publics éloignés. Permettre aux personnes d’écrire sur Internet, c’est favoriser l’expression citoyenne et démocratique. C’est également un moyen de passer du statut de consommateur à celui « d’auteur » du web.
Les initiatives développées par la ville, très novatrices, sont à poursuivre notamment auprès des personnes éloignées d’internet en renforçant l’animation et l’accompagnement de ces usagers.
– Introduire par l’équipement des espaces publics, la notion d’accès mobile (installation de Wifi).
Moyens d’action
Les usagers recherchent dans le réseau, la liaison à Internet (à haut débit de préférence) et sont très nombreux à disposer d’un équipement personnel. Ceci permet d’entrevoir une évolution des pratiques vers la recherche d’accès mobile. Ceci signifie qu’un usager viendra demain dans les PAPI avec son équipement (portable) et qu’il aura uniquement besoin d’un accès. La technologie (le wifi) permet aujourd’hui cela en intérieur ou en extérieur. On peut prendre l’exemple des aéroports où cette technologie est déjà introduite, ou plus près de nous, la ville du Conquet qui diffuse un accès Wifi sur la place de la mairie. Au concret, il suffit à une personne équipée d’un portable de s’installer sur la place pour avoir accès gratuitement à Internet.
– Vers la création de services publics en ligne
Dans les PAPI, nombreux sont les usagers qui déclarent utiliser les services administratifs en ligne. Ceci montre que ces pratiques sont en bonne voie de diffusion sur le territoire brestois, un indicateur d’opportunité pour la collectivité dans le développement de services en ligne...
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