De l’utilité sociale de l’accès public à Internet à la rencontre organisée par la Délégation aux Usages de l’Internet à Marseille les 3 et 4 mai 2005

, par  Michel Briand , popularité : 5%

Quatre points issus de notre pratique et de nos observations vont articuler cette présentation sur les enjeux et les attentes de l’accès public : l’utilité sociale de l’accès public, le déplacement des besoins, la crise de l’accés public et la clé de la coopération.

Version légérement remaniée du texte support de l’intervention orale, pour en faciliter la lecture mais je ne pense pas avoir modifié l’essentiel de ce qui a été dit.

Sept ans après la mise en place des « Papis « (les 63 lieux d’accès publicà internet à Brest) nous avons effectué en 2004 la seconde enquête par questionnaires sur les lieux d’accés et leur animation, les publics qui les fréquentent, leurs usages et leurs attentes.

Ces études publiques sont publiques et mises en accès ouvert sur le site @-brest sous contrat creative commons.

Ce travail est enrichi d’une observation en cours sur les usages et les non usages de celles et ceux qui sont socialement éloignés de l’écrit de l’internet et du multimédia. Il s’agit cette fois non d’une enquête par questionnaires mais d’une observation participante de plusieurs mois menée par le laboratoire des usages Marsouin dans le cadre de l’appel à projet sur les usages du ministère de la recherche. L’observation dans deux quartiers d’habitat social de Brest montre des personnes qui n’ont pas d’usages spontanés mais qui ont tellement de besoins dès l’instant où elles sont accompagnées et écoutées dans une découverte progressive. Deux ans après l’ouverture de l’EPN au sein d’un appartement de la cité HLM, (1300 habitants) dix sept projets ont été identifiés lors de la première réunion "Internet quartier" témmoignant de la richesse et de la diversité des attentes qui peut résulter d’un accès public accompagné de proximité.

1 L’utilité sociale de l’accès public

Utilité cela va presque de soi pour vous qui animez les lieux d’accès publics et voyez passer tellement de personnes qui ont besoin d’être accompagnées pour un CV, les annonces d’emploi, une recherche sur internet ou l’envoi d’un mél. L’utilité c’est aussi ce qui ressort des études quantitatives qui font état dans l’Essone comme à Brest de dizaines de milliers de visites dans l’année.

Sociale parce que cette fonction de lien social, d’intégration est au coeur de votre avction de médiateur de l’accès public et vous la revendiquez avec raison avant le rôle d’explication technologique ou d’animation du lieu.

Oui, aujourd’hui et pour plusieurs années dans un pays ou plus de la moitié des familles n’ont pas accès à internet à domicile, où les habiletés nécessaires à l’usages des ordianteurs sont très inégalement appropriées, l’accès public accompagné est une mission d’utilité sociale qui doît être présente sur l’ensemble des territoires.

2 Les besoins se déplacent

Après les années où beaucoup dans la société découvraient les outils d’internet, nous voici à une étape de diffusion où il ne s’agit plus simplement de proposer un espace de découverte. Dans une société où les médias numériques sont de plus en plus présents, nous avons identifié à Brest trois trypes de besoins :

 l’équité d’accès aux services publics en ligne

L’offre de service s’est considérablement élargie en matière de services publics et il est indispensable en terme d’équité sociale que chacun puisse y avoir accès même s’il n’est pas équipé, ni habile du clavier. Il nous faut ainsi apprendre à présenter les services publics en ligne dans les espaces publics numériques en accompagnant à cela les médiateurs de l’accès public. Il y a pour cela toute une formation à organiser pour qu’ils puissent présenter aux personnes la richesse et la diversité de service-public.fr et les services des collectivités locales Mais il ne faut pas oublier l’indispensable prise en compte de l’accès public dans les lieux ordinaires de service public : en sous préfecture et dans toutes les administrations et les multiples lieux du service public local.

  la prise en compte des personnes éloignées

La pratique des lieux d’accés dans les quartiers ou au sein des associations de solidarité ou d’éducation populaire nous montre qu’il y a de réels besoins. Une découverte bien sur, une appropriation lorsque l’on répond à un mél, mais souvent aussi une envie d’expression qui valorise, renforce l’estime de soi, une reconnaissance lorsque l’on publie un article qui vous référence sur le web.

 le développement des cultures numériques

Les usages de l’internet sont avant tout des échanges entre personnes. Ce ne sont pas les usages de consommation de musique et d’images imaginées par de grands groupes qui se sont développés mais d’abord les échanges de pair à pair, ce n’est pas le wap mais les sms que les utilisateurs de portable ont plébiscité. Au fil des technologies disponibles, il devient faile de publier, d’ouvrir un blog, de mettre en ligne une photo, de monter un film vidéo, demain de diffuser une radio ou une TV sur le web. Le multimédia invente de nouveaux médias d’expression de nouvelles interactivités. Et les lieux d’accès public sont un carrefour d’innovation, de diffusion d’usages de ces nouvlles cultures numériques

3 La crise de l’accès public

Les 3 000 lieux sont d’utilité sociale, les besoins existent pour des années et pourtant .. des centaines de lieux ont du fermer, des centaines de jeunes qui s’étaient impliqués ont du chercher un autre emploi, des dizaines d’associations comme Initial à Marseille, inventeur des webtrotteurs, ont du déposer leur bilan..

Pourquoi cette crise de l’accès public en France ?

Je pense qu’il est important de le dire : le problème du financement en fonctionnment et de la pérennisation des postes créés pour beaucoup dans le cadre des emplois jeunes est essentiel.

Il n’y a pas à ma connaissance aujourd’hui de responsabilité clairement définie pour ctte mission d’intérêt qu’est l’accès public accomapgné. C’est tantôt la ville, tantôt le département, tantôt la région avce la participation de l’(état pour les espaces cultures multimédia ou la fin du dispositif emploi-jeunes.

Il y a aujourd’hui un vrai problèmedans l’absence de dispositif de financement par l’éat qui pérennise le fonctionnement des Espaces Publics Numériques.

Ce n’est qu’avec un message fort de l’état avec des participations concrètes au financement sur le fonctionnement que nous pourrons concvaincvre les élus des collectivités locales d’un engagement partenarial dans le dispositif.

Et ce partenariat ne concerne pas seulement l’état et les collectivités locales. Il doit impliquer aussi les associations :

 ce sont souvent les associations de solidarité qui sont le creuset de la prise en compte des personnes éloignées,

 ce sont souvent les associations d’éducation populaire qui défrichent et inventent de nouveaux usages dans le domaine des cultures numériques.

4 La clé de la coopération

La coopération est à mon sens une clé essentielle du développement de l’accès public. Vos métiers se sont développés en synergie avec internet et ne peuvent ignorer le rôle spécifique de la coopération dans le développement des outils et des usages.

Internet est avant tout un réseau d’échanges entre personnes. Basé sur des standards ouverts, il n’a de cesse d’ouvrir de nouveaux possibles au fil des technologies disponibles.

Médiateurs de ce monde du numérique vous êtes vous mêmes confrontés à cette évolution rapide des technologies, des usages et des modes d’échanges.

L’oublier serait passer à côté de cette essence qui mêle coopération et innovation.

C’est pourquoi je pense qu’il est essentiel d’apprendre à coopérer entre médiateurs de l’accès public au sein de centre de ressources en région, de listes de discussions, d’espaces ressources. Et ce n’est pas un hasard si rarement une famille de métiers nouveaux aura eu aurant de ses membres nscrits dans des espaces d’échanges.

Mais il est important d’accompagner ces mutualisations, d’apprendre ensemble des modes de travail coopératif trop souvent laissés de côté par une éducation plus soucieuse de compétition.

C’est en tous les cas cette démarche qui a rassemblé plusieurs d’entre nous, animateurs ou responsables de dispositifs d’accès public au sein de l’association Créatif.

C’est aussi cette démarche qui a conduit à la création du centre de ressources coopératif de l’accès public au pays de Brest qui regroupe les cybercommunes initiées par le conseil régional et les papis brestois.

C’est cette dynamique qui nous a permis de produire en trois réunions le CD bureau libre free-eos diffusé en deux mois à 10 000 exemplaires [1]. Et c’est aussi le rôle de l’accès public de permettre que les logiciels libres soient connus et utilisés dans la cité. Depuis que nous le diffusons à Brest la demande est forte dans les quartiers, les services publics et les associations, à nous de l’accompagner par des présentations et des ateliers (40 cette année à Brest), des supports mutuialisés.

A observer la dynamique reliant ville, associations, acteurs du service public au pays de Brest et le nombre de projets en émergence : internet de quartier, photothèque sous creative commons, système de publication de vidéo, carte libre du pays, radio web, atlas wiki-brest .. je suis persuadé qu’une logique de coopération produit bien plus d’innovation, d’envie de faire, de valorisation des personnes que les logiques « propriétaires » encore trop souvent à l’oeuvre y compris au sein du service public.

L’acceè public accompagné est pour moi bien plus qu’une équité d’accès c’est une logique de service aux publics faite d’écoute et d’attention qui donne à voir et co-produit, relie et associe au sein des territoires.

Et pour conclure je voudrais souligner que c’est la diversité des pratiques des médiateurs de l’accès public qui fait la richesse de ces nouveaux services aux publics.

A nous élus et responsables de service public de faire que votre utilité sociale soit entendue, reconnue et donne lieu à des emplois pérennes, en CDI ou au sein des fonctions publiques d’état ou territoriales, rémunérées à la hauteur des implications des milliers de médiateurs de l’accès public.