Un numérique sobre, collaboratif et inclusif au programme de "Choisir l’écologie pour Rennes"

, par  Michel Briand , popularité : 14%

Je reprends ici les proposition de "Choisir l’écologie pour Rennes" sur le volet numérique auquel j’ai contribué.

Des propositions qui marquent un tournant à Rennes pour un numérique sobre, collaboratif et inclusif et plus seulement les start up le "développement" économique, les ateliers Google et la "5G".

Inclusion, coopération, communs, numérique éthique, responsable et économe sont mis en avant.

Aujourd’hui, l’usage du numérique devient de plus en plus incontournable. Mais face à l’urgence climatique et dans un souci de justice sociale, nous devons favoriser un numérique économe, collaboratif et inclusif.

Économe parce que dans un monde dominé par les GAFAM [1] qui, en plus de piller nos données personnelles, poussent à la consommation et sont extrêmement énergivores, nous sommes persuadés qu’un autre usage du numérique est possible. Collaboratif parce qu’encourager l’expression, la transparence, la mise en réseau, la coopération est gage d’une société bienveillante et ouverte. Inclusif parce que face à la dématérialisation qui, de fait, exclut à Rennes des milliers de personnes de l’accès aux droits, nous ne devons laisser personne sur le bord du chemin.

Nos engagements :

Pour l’inclusion numérique

La dématérialisation à l’œuvre depuis quelques années est catastrophique pour de trop nombreuses personnes qui se retrouvent en grande difficulté face à l’accès à leurs droits sociaux mais aussi dans leur vie quotidienne. La Ville de Rennes doit prendre en compte cette nouvelle difficulté. Par un diagnostic partagé nous voulons accompagner les personnes en difficulté. La médiation numérique, considérée comme un commun [2], est un moyen de lutter contre cette exclusion, car si l’accès aux droits sociaux est le problème le plus criant, l’inclusion numérique concerne aussi toutes ces personnes souvent isolées qui ne sont pas à l’aise avec l’ordinateur et les outils numériques ou qui reculent devant le coût d’accès. Nous voulons accompagner toutes les associations, équipements de quartier qui ont à cœur de développer une éducation citoyenne au numérique.

 Nous mettrons en place un tarif social d’abonnement internet à 1 euro par mois pour les plus fragiles.

 Nous mettrons en place et animerons un réseau d’acteurs sur l’inclusion numérique.

 Nous conforterons les Espaces Publics Numériques en les rendant plus visibles, plus lisibles.

 Nous accompagnerons et formerons tous les publics à tous les âges.

 Nous multiplierons les événements d’initiation aux usages du numérique au plus près des quartiers et des habitant.e.s.

 Nous créons un portail unique d’accès à l’ensemble des services publics de la Ville et de la Métropole.

 Nous faciliterons les temps dédiés à la pratique et culture du numérique pour la agent.e.s de la Ville et de la Métropole.

Pour un usage éthique, responsable et économe du numérique

Pour un usage éthique du numérique, nous voulons nous délier de l’emprise des GAFAM. Nous devons prendre nos responsabilités en aidant à l’émergence d’alternatives aux applications qui s’emparent de nos données personnelles. Si la Ville et la Métropole n’hésitent pas à financer les réseaux de fibre ou l’entrepreunariat des startups, elles peuvent tout autant aider à l’émergence de ces hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts et solidaires par un conventionnement. L’urgence climatique nous oblige. De la même façon qu’une éducation au numérique est indispensable à l’école pour un usage critique et responsable, il nous faut apprendre un usage économe des outils numériques.

 Nous mettrons en place un plan « sobriété du numérique » dans l’ensemble des services de la ville et de la métropole et des associations ou entreprises dès lors qu’elles perçoivent des subventions. Chaque projet numérique devra intégrer la démarche d’éco-conception.

 Nous mettrons en œuvre un budget carbone [3] des projets numériques comme outil de nos décisions (stratégies et objectifs traduits en plafond d’émissions de gaz à effet de serre).

 Nous construirons un éco datacenter [4]] alimenté en énergie renouvelable et produisant de l’énergie.

 Nous poursuivrons le maillage de nos réseaux d’initiative publique [5] et ferons converger les réseaux de télécommunication de nos collectivités vers la gestion publique.

 Nous améliorerons la résilience de nos réseaux avec par exemple la constitution d’un GIX [6] afin que les données échangées ne fassent pas le tour de la planète !

 Nous concevrons une stratégie publique de la donnée. L’objectif est de faire de la donnée publique un bien commun, de se réapproprier les données publiques, de faciliter leur ouverture, de faciliter la possibilité d’y ajouter des données du secteur privé afin de créer de nouveaux services d’intérêt collectif.

 Nous créerons un service public d’entretien, de réparation et de recyclage du matériel informatique. Il s’appuiera sur les associations qui agissent d’ores et déjà sur ces activités.

 Nous soutiendrons les logiciels libres, l’open source, l’open data en facilitant l’achat de serveurs, l’accès au réseau de fibre...

 Nous favoriserons les projets numériques qui accompagnent la transition écologique et énergétique.

 Nous inclurons dans les marchés publics de la Ville des clauses sur la possibilité de réparer et de faire évoluer le matériel.

Pour un usage résilient et plus local du numérique

Le numérique a bouleversé nos pratiques quotidiennes. Pourtant, il est possible d’avoir une approche du numérique qui se détache de la haute technologie et participe à un développement durable de notre société.

 Nous favoriserons les actions autour du low-tech [7].

 Nous organiserons une journée de la déconnexion avec des évènements et des débats autour des enjeux des nouvelles technologies et des usages d’Internet.

 Nous appuierons et initierons toutes les initiatives qui permettront d’améliorer les transitions : énergie, mobilité, ressources, participation citoyenne...

 Nous ouvrirons un lab, lieu de conception des nouveaux services à la population associant les usagers, agent.e.s de la Ville et entreprises.

Pour un numérique des communs

Faire rimer numérique et citoyenneté, tel est notre objectif. En prônant plutôt des valeurs de collaboration et de partage, nous voulons développer une approche humaniste du numérique.

 Nous organiserons des formations à la coopération et aiderons au développement de projets numériques collaboratifs.

 Nous favoriserons le donner à voir de sites contributifs et favoriserons le travail en réseau comme les initiatives autour des capteurs citoyens, de tiers-lieux [8], de réseaux coopératifs et de nouvelles formes de débat public et participatifs.

Pour limiter les ondes électromagnétiques

Les objets connectés sont de plus en plus nombreux dans toutes les poches, dans tous les logements, les usages actuels du numérique appellent de plus en plus de flux de données. Pourtant les ondes électromagnétiques engendrées par toutes ces pratiques sont reconnues par l’OMS [9] comme potentiellement cancérogènes. Nous devons être prudents et au nom de la santé publique protéger les habitant.e.s en limitant autant que possible leur exposition aux ondes électromagnétiques.

 Nous développerons des outils d’information et de concertation autour de l’implantation des antennes relais (téléphonie mobile, wifi, 5G...) dans un souci de gestion du risque.

 Nous installerons des capteurs permanents dans tous les lieux sensibles pour contrôler en permanence les niveaux d’émission et nous restituerons ces données publiquement dans un esprit de transparence.

 Nous actualiserons la charte de la téléphonie mobile et la porterons à l’échelle métropolitaine, en indiquant une valeur maximale d’exposition aux ondes de 0,6 V/m, ramenée à 0,2 V/m près des lieux recevant des publics sensibles (crèches, écoles, maisons de retraite...).

 Nous nous opposons à l’arrivée de la 5G sans études d’impact sanitaire. La 5G interroge de plus en plus de spécialistes et nous devons appliquer le principe de précaution, notamment pour les plus fragiles (femmes enceintes, enfants, personnes âgées).

[1GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft

[2ressource naturelle, matérielle ou immatérielle partagée, gérée et maintenue collectivement par une communauté

[3tableau de bord environnemental de l’ensemble des politiques publiques locales afin d’évaluer leur impact environnemental

[4lieu regroupant des équipements utilisés pour stocker de grandes quantités de données public

[5projet porté par les collectivités territoriales pour mettre en place un réseau de communications

[6Global Internet eXchange, une infrastructure qui permet des échanges numériques les plus locaux possibles

[7par opposition aux high-tech, les low-tech représentent une philosophie qui promeut des solutions simples, peu coûteuses et durables, comme l’auto-réparation ou le recyclage pour favoriser l’autonomie vis à vis des technologies actuelles et le partage de connaissance et de savoir-faire

[8le tiers-lieu se définit surtout par ce qu’on y fait ! Fab-Lab, espace de coworking mais aussi espace associatif en autogestion, squats culturels ou politiques, il y a toutes sortes de tiers-lieux

[9Organisation Mondiale de la Santé