Christian Bucher, de Brest Ouvert à Transition citoyenne en pays de Brest, un engagement en coopération pour la transition et la protection de l’environnement

, par  Michel Briand , popularité : 4%

« Ce qui est facilitateur c’est l’énergie que l’on ressent. Parfois nous ne sommes pas très en forme, fatigués mais la dynamique de groupe fait que les idées émergent, cela donne envie de continuer.

Et puis il y à la notion de partage, on est ensemble pour réussir quelque chose. »

Bonjour Christian ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Je suis Christian Bucher, je participe à beaucoup de collectifs ou d’associations autour de la transition citoyenne et écologique. Auparavant j’ai travaillé pendant 30 ans dans une collectivité locale (à Brest).

Et si tu avais à te définir avec quelques mots clés quels seraient-ils ?

 Persévérance  : elle est indispensable pour avoir des résultats intéressants et valables, selon le proverbe bien connu « on n’a rien sans rien », et coopérer demande du temps long

 Bienveillance  : c ’ est un mot que j’aime bien et que j’essaie de mettre en œuvre même si ce n’est pas toujours facile...

 Coopération  : c’est quelque chose qui compte. J’en faisais sans doute sans savoir avant !

 Engagement  : j’ai une vie d’engagement depuis l’adolescence et l’âge de 16 ans je n’ai pas cessé de m’engager sous une forme ou sous une autre pour la protection de l’environnement, pour des relations apaisées entre les gens, pour changer cette société qui, par bien des aspects, ne me satisfait pas.

Qu’est-ce que qui fait que toi tu t’es impliqué dans la coopération ?

Ma formation de base est celle d’animateur socioculturel. Lorsque je mettais en place des projets avec les enfants, les adolescents, les adultes, j’essayais de faire émerger la parole, de permettre aux personnes d’initier des projets. J’ai toujours été dans cette attitude là. C’est-à-dire sortir du cadre formel, où on arrive avec des projets formatés de vacances de loisirs, mais plutôt faire émerger des initiatives dans les quartiers où je travaillais et les mettre en musique. Et je pense que mon envie de coopérer est partie de là.

Si tu avais à présenter un ou deux projets coopératifs qui t’ont marqué quels seraient-ils ?

Il y a d’abord le projet Brest ouvert, un site Web pour « donner à voir » et donner la parole aux gens, ce qui était nouveau quand on l’a lancé en avril 2002. Faire en sorte que des initiatives sur Brest soit mieux connues, mieux repérées était nouveau dans la pratique militante parce que les partis politiques n’ont pas l’habitude de faire ça et sont plutôt à délivrer la bonne parole. On essayait de faire en sorte que ce qui était écrit vienne des gens, qu’ils puissent s’exprimer sur leurs pratiques, leurs usages.

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Citation extrait de la Charte (actualisée lorsque les Vertes sont devenus Europe Ecologie Les Verts)

Cela m’a conforté dans le fait que l’on pouvait faire autrement. À côté de Brest Ouvert il y a eu d’autres sites coopératifs à Brest. Avec la difficulté d’amener des élus à écrire, on se heurtait à des façons de faire, à des habitudes qui n’allaient pas du tout dans ce sens. Avec Brest Ouvert on a tracé un chemin qui, au moins ici localement dans le pays Brest, commence à porter ses fruits. L’expérience de Brest ouvert a fait des petits sous d’autres formes.

Le réseau de sites coopératifs initiés par la collectivité sous l’impulsion des élus écologistes

Comment expliques-tu que parmi les élus écolos d’autres villes puisque c’était un site des élus écologistes à la ville de Brest il n’y ait pas eu d’appétence pour ce mode de publication ouverte ?

Cela dérange quelque part les façons habituelles de faire. On n’est pas à formaté dans notre éducation à l’école pour donner à voir, on est plutôt dans. la compétition où il faut faire émerger les meilleurs, on est pas du tout habitué à coopérer. La publication ouverte ce sont des pratiques qu’il faut renouveler et cela prend beaucoup de temps. Je me suis aperçu qu’il fallait du temps, être tenace pour que les gens prennent l’habitude d’écrire, d’exprimer ce qu’ils ressentent. Ce n’est pas naturel et il faut un accompagnement dont on a pu disposer à Brest. J’ai suivi la formation Animacoopoù l’on apprenait à animer un projet coopératif. Le « donner à voir » est tout un travail toute une démarche, mais on peut obtenir des résultats sur un temps long.

Et un second projet ?

C’est le collectif Transition Citoyenne en pays de Brest. C’est un projet collectif ou on a un fonctionnement collégial où on essaie que chacun puisse s’exprimer facilement, d’être bienveillant les uns avec les autres, de promouvoir la non-violence dans nos rapports.

Pour une transition citoyenne (teaser) from On passe à l'acte on Vimeo.

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Notre idée de départ est de dire qu’il n’y aura pas de transition réelle, effective sans les citoyens. La transition ne peut pas être décidée à Paris dans les ministères, ni même dans les collectivités. Il faut aussi que le citoyen ait son mot à dire dans cette transition. Je suis persuadé qu’une transition réussie ne pourra pas laisser de côté le volet citoyen. Il faudra vraiment impliquer et que les gens soient convaincus de la démarche.

La transition est parfois présentée de manière coercitive, punitive. Nous essayons de montrer tout le contraire, que cela peut être une chance à condition de s’en emparer. Cela peut être un moyen de s’épanouir, de réussir ensemble des choses et c’est très satisfaisant. C’est à cela que nous essayons de contribuer modestement à notre niveau au sein du collectif.

Peux-tu présenter quelques initiatives portées par ce collectif ?

L’essentiel de notre travail, c’est de donner à voir les initiatives. Et on a été surpris, parce qu’il y en a beaucoup plus que l’on pensait au départ sur le pays Brest qui est notre échelle territoriale.

On a aussi appris à travailler travers de nouvelles méthodes comme les forums pour faire émerger des idées, des initiatives et on s’est aperçu que c’était productif. On a organisé deux forums citoyens qui fonctionnent selon une mayonnaise assez précise et pour lesquels nous avons fait appel à des personnes formées à ces techniques là. Le but, c’est faire émerger des idées par une assemblée de gens qui ne se connaissent pas et puis les rassembler pour arriver à la fin à des choses concrètes. En sortant du forum que l’on avait organisé il y avait près de 25 projets qui sont nés le jour même du forum. On a mis des gens en lien, on les a fait réfléchir ensemble et par une série d’étapes on est arrivé à des initiatives partagées. Toutes n’ont pas été mises en œuvre mais un certain nombre quand même. Ce sont des pratiques très enrichissantes qui demandent un certain savoir-faire.

Et puis on sensibilise aussi, on interpelle par des projections de films comme « en quête de sens », « demain », « artistes de la vie », des films qui portent le débat. C’est important de le faire parce que c’est aussi comme cela qu’on gagne l’opinion que les idées nouvelles se propagent.

Du point de vue de la coopération qu’est-ce qui te semble une difficulté ?

Dans les sites coopératifs, il y a une vraie difficulté qui est le passage à l’écriture.

C’est aussi gérer le temps comment en travaillant ensemble à 10 ou 15 on va aboutir un résultat ? C’est l’envie que l’on a parfois d’aller plus vite. S’il n’y a qu’un seul qui décide, on pense gagner du temps. Pour coopérer, il faut se concerter, être d’accord, il faut discuter, échanger, se confronter même parfois. Mais le résultat final est toujours intéressant. L’intelligence collective est quelque chose qui fonctionne, mais il faut accepter que le projet ne va pas forcément être finalisé en quelques jours et qu’il faudra sans doute plus de temps. Au bout du compte c’est du gagnant pour tout le monde.

Et à l’inverse qu’est-ce qui te semble facilitateur pour la coopération ?

Ce qui est facilitateur c’est l’énergie que l’on ressent. Parfois nous ne sommes pas très en forme, fatigués et la dynamique de groupe fait que les idées émergent, cela donne envie de continuer.

Et puis il y à la notion de partage, on est ensemble pour réussir quelque chose. C’est motivant. Il y a toujours un apport c’est un peu comme une roue qui tourne il y a des gens qui se retirent du groupe d’animations et d’autres qui arrivent. Il y a les différences, on a des histoires, des parcours différents réunir tout cela ensemble, des universitaires des demandeurs d’emploi des jeunes et des moins jeunes des hommes et des femmes est très intéressant.

Comment arrivez vous articuler ce qui se passe sur sur Brest et toutes les initiatives qu’il y a autour de Brest également ?

Cette année on a créé une coordination de tous les groupes de transition citoyenne du pays de Brest. On a eu quatre réunions où on s’est déplacé dans quatre communes différentes à Saint-Renan, Lannilis, Daoulas, Landerneau et on ira bientôt sur la presqu’île de Crozon.

On s’aperçoit que nos réflexions, nos problématiques sont partagées ailleurs et que l’on n’est pas tout seul à penser cela, que d’autres ailleurs sont dans la même démarche, font des choses, tâtonnent, expérimentent.

Cela montre qu’il y a vraiment un mouvement de fond et cela nous rend optimiste. On s’aperçoit que le discours que l’on a pu tenir il y a 20 30 ou 40 ans commence maintenant à se diffuser et à devenir une réalité. Les choses se mettent en place concrètement avec beaucoup de projets et tout cela est porteur d’avenir.

Est-ce qu’il n’y a pas aussi un une culture de la coopération développée ce pays sur le pays Brest ?

Il y a une pratique de coopération liée sans doute à des choses assez anciennes. La notion de pays, d’intercommunalité, de travailler ensemble existe. On est sur un terrain plutôt favorable à la coopération. Parfois on a des retours d’autres territoires où les gens nous disent c’est difficile on n’y arrive pas, c’est compliqué. Ici je ne ressens pas de réticence des personnes pour échanger sur des projets ensemble, on a un terreau assez favorable. Peut-être aussi parce qu’on est une région assez excentrée, qu’il fallait se débrouiller ..

Quelles relations avez-vous avec les collectivités locales qui normalement devraient avoir un rôle d’animation telle la métropole brestoise ou la région qui a lancé la Cop 21 régionale ?

On n’a pas beaucoup de relations avec les élus et les collectivités locales. On n’a pas été invité, en tant que tels, pour la réalisation du premier Plan climat territorial, pourtant on a une pratique et on existe depuis six ans. Ce sont des choses qui nous semblent extérieures. On fait le constat que les passerelles n’existent pas.

Pour les municipales on va relayer le pacte sur la transition et interpeller les élus sur leurs engagements vers la transition. On va faire une campagne surles 32 mesures pour la transition.

On est toujours dans l’interpellation, on n’est pas dans la coopération avec les collectivités locales, on ne sent pas une volonté de nous associer vraiment. Ils ne nous connaissent pas bien, ne savent pas comment on fonctionne, on est en collectif en plus. Les services veulent aussi avoir des interlocuteurs bien cadrés bien précis et notre collectif ne rentre pas tout à fait dans les clous et c’est vraiment difficile.

Il y a juste le forum Climat déclic et la foire Saint-Michel où cette année on a été associé à la préparation, mais c’est nouveau.

En termes de coopération, de communs est-ce qu’il y a des lectures requis ou des rencontres qui t’ont inspiré ?

Les nouvelles approches de la coopération de Jean-Michel Cornu, une personne que j’ai rencontrée dans les formations Animacoop et dont je regarde souvent les vidéos.

C’est quelqu’un qui exprime avec des mots simples des réponses à des questions dans lesquelles on peut se retrouver.

Cette capacité à exprimer les choses simplement explique aussi son succès qui en plus sur le plan humain est une personne intéressante et qui sait mettre les personnes à l’aise.

Et puis des rencontres comme avec toiaussi. Les rencontres c’est important cela donne envie ou pas d’y aller.