L’appel à envie de faire, une forme particulière de budget participatif
C’est en échangeant hier autour du budget participatif en projet à la ville de Brest, que m’est venu cette compréhension du financement des initiatives sociales autour du numérique à Brest comme une forme particulière de budget participatif puisqu’il a rendu possible chaque année 40 à 50 initiatives issues d’acteurs associatifs.
A l’heure où la municipalité, à Brest, met à son ordre du jour cette proposition (auparavant refusée depuis une vingtaine d’années) il me semble intéressant de donner à voir la grande diversité des modalités de budget participatifs mises en oeuvre dans les villes en France. Dans beaucoup de villes, l’initiative des habitants et associations est cantonnée à de l’investissement. Couplé à des formes participatives de décision comme le vote par les habitants à Rennes cela ouvre un bel espace à des réalisations qui n’auraient pas vu le jour autrement. Mais d’autres formes sont possibles.
Ce texte est une contribution au débat qui relate la mise en oeuvre d’un soutien à quarante à cinquante projets annuels dans le domaine du numérique social.
Une ville est riche de centaines d’envies de faire qu’il est possible d’accompagner. C’est le propos de l’appel à projet annuel sur les usages et le pouvoir d’agir autour du numérique.
Le parti pris ici a été de soutenir tous les projets avec un financement modeste (2300€ max par projet) dés lors que le projet correspondait aux attendus visés :
Lien social, accès accompagné, expression multimédia, compétences numériques, coopération, territoires en réseau, innovation sociale, biens communs, cultures numériques, transition numérique, pouvoir d’agir, fabrication numérique
Cet appel à projets concerne les associations à but non lucratif, les groupes ou particuliers présentant un projet supporté par une association ou une structure locale....
La Ville de Brest soutiendra des projets qui prennent en compte la capacité d’adapter ces nouveaux outils aux besoins et aux finalités d’un projet ou d’une structure, la place accordée à l’animation et à l’accompagnement humain des outils utilisés ainsi que la dimension pédagogique du projet. Les projets visant uniquement à s’équiper de matériel informatique, à développer un site web « vitrine » sont exclus de l’appel à projets.
Avec un budget modeste (30 000€ complété par la politique de la ville et un budget d’équipement pour atteindre un total d’environ 60 000€), il est possible de soutenir TOUS les projets retenus. En effet l’important n’est pas comme dans beaucoup d’appel à projets de sélectionner les meilleurs projets mais d’encourager et d’accompagner les envies de faire. Le temps et l’énergie que les acteurs associatifs mettent dans la réalisation de leur projet est souvent bien plus important que le soutien financier de la ville. Ainsi la politique publique est un levier d’une implication des acteurs dans le vie de la cité pour créer du lien social, favoriser l’e-inclusion, développer l’expression multimédia et le pouvoir d’agir.
Un bilan réalisé en 2008, après cinq premières années a montré que cette logique de soutien élargi était efficace : 90% des projets étaient réalisés. Elle a aussi souligné l’importance d’une démarche coopérative plus que compétitive. Les porteurs de projets apprécient particulièrement d’être mis en relation avec d’autres et de travailler en réseau. Rassurés sur une non compétition, les acteurs associatifs acceptent plus facilement de publier leur projet et d’en faire un bilan s’ils demandent un soutien une autre année.
Les candidats acceptent par ailleurs que leurs projets soient rendus publics, notamment par diffusion sur Internet ainsi que le bilan si celui-ci est retenu.
De plus, pour les porteurs de projets ayant déjà bénéficié d’un soutien dans le cadre des éditions précédentes de l’appel à projets, il est demandé un article de bilan du projet soutenu (TITRE DU PROJET / Partenaires du projet / Bilan de l’action / Suite à donner / Budget). Sans cet article, tout nouveau projet ne pourra être examiné par le jury. [1]
Les axes retenus ont évolué au fil du temps, passant des usages des outils à l’expression, l’innovation sociale et au pouvoir d’agir et à la transition numérique [2]
1 - Permettre un accès public accompagne, l’acquisition de compétences et l’acces aux services
2 - Faciliter l’expression multimédia
3 - Aider a la reconnaissance des personnes, la reconquête de l’estime de soi
4 - soutenir la mutualisation, les pratiques collaboratives et les biens mis en commun
5 - Développer l’innovation sociale numérique et les innovations d’usage
6 – acculturation a la transition numérique et pouvoir d’agir
Cette démarche de "faire avec", "en attention à" et qui met en avant le "donner à voir" participe à une "gouvernance contributive", où l’élu et la collectivité sont plus animateur que prescripteur. Pour l’avoir vécu durant 12 ans elle est source du plaisir d’accompagner un agir citoyen qui ne demande qu’à être accompagné Cette convivialité coopérative est particulièrement visible lors de cette rencontre annuelle où chacun des projets se présente aux autres.
50 projets autour du numérique c’est potentiellement des centaines de projets qui pourraient être soutenus dans d’autres domaines de l’action publique municipale.
Et cette politique publique est une autre forme de budget participatif qui gagne à être essayée...
Dans un monde de plus en plus incertain, bousculé par les transitions, faciliter les initiatives des habitants par un budget ouvert à leur proposition est source de lien social et d’appropriation des transitions.
Pour plus d’information
– La rubrique Appel à projets multimédia de la Ville de Brest qui présente les projets soutenus chaque année de 2003 à 2017 (538 articles).
– Réunion Plénière : présentation des 45 projets retenus en 2017 dans le cadre de l’appel à projet de la ville de Brest ’’Les usages du numérique’’
– Le texte de l’appel à projets 2017
– Bilan de l’appel à projet Multimédia (2008)
– les textes publiés rassemblés dans le wiki